La Fille inconnue
Jean-Pierre Dardenne et Luc Dardenne (2016)
Quand les frères Dardenne révélaient des talents bruts j'adhérais complètement à leur cinéma. Depuis "Le Gamin au velo" (2010), je suis moins convaincue. Ainsi "La fille inconnue" nous présente un véritable mur de solitude et d'opacité en la personne de Jenny (Adele HAENEL). Médecin dévouée à son métier qu'elle envisage comme un sacerdoce mais hautaine et bardée de certitudes, elle voit sa vie bouleversée par la mort d'une jeune fille à qui elle a refusé d'ouvrir sa porte. C'est le début d'une longue séance d'expiation et d'auto-flagellation. Après s'être dépouillée symboliquement de tous ses biens (ses ambitions carriéristes, son appartement qu'elle quitte pour dormir au cabinet), Jenny s'en va enquêter dans le désert ou plutôt dans la périphérie de la ville sur la mort de la jeune fille à qui elle veut rendre son identité et offrir une sépulture. Une quête plus qu'une enquête (trop molle) qui n'est pas sans rappeler celle de "Le Fils de Saul" (2015) qui m'avait déjà laissé perplexe. Jenny s'impose un véritable chemin de croix jalonné par les confessions qu'elle réussit à recueillir de la part des gens qui ont tous à voir de près ou de loin avec l'inconnue. Jenny finit ainsi par décrocher le graal de la rédemption tout comme ses "ouailles" qui semblent avoir eu une révélation après avoir vu le visage de la jeune femme prise par une caméra de surveillance peu de temps avant sa mort. Mais tout cela apparaît bien abstrait. Jenny est un personnage complètement vide, sans passé, sans attaches, sans intériorité et sans mystère dont la dureté puis les émotions compassionnelles semblent bien artificielles. Il en va de même des autres dont la conversion brutale manque tout autant de crédibilité.
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