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John Cassavetes par Thierry Jousse

Publié le par Rosalie210

Camille Clavel (2024)

John Cassavetes par Thierry Jousse

Documentaire brillant sur le cinéma de John CASSAVETES par Thierry JOUSSE. Pour mémoire, cet ancien rédacteur en chef de "Les Cahiers du cinéma" et grand mélomane a consacré un ouvrage de référence à John CASSAVETES et une émission de la série "Blow up" sur Arte. Il est reçu dans une salle de montage par Camille CLAVEL et tous deux évoquent six films de John CASSAVETES soit la moitié de sa filmographie: "Une femme sous influence" (1974), "Shadows" (1958), "Faces" (1968), "Meurtre d'un bookmaker chinois" (1976), "Gloria" (1980) et "Love Streams - Torrents d'amour" (1983). Mon seul regret n'est pas celui que déplore Jacques MORICE dans Télérama, à savoir l'absence d'extraits, remplacés par des photogrammes mais le fait que le film ne dure pas plus longtemps ce qui aurait permis de rajouter deux ou trois analyses supplémentaires, notamment de "Minnie and Moskowitz" (1971) "Husbands" (1970) et "Opening Night" (1977) qui manquent à l'appel. Mais tel quel, le documentaire est déjà passionnant, c'est bien simple, au bout de cinq minutes, je m'étais emparée d'un carnet et je prenais des notes tellement ce que dit Thierry JOUSSE résonne avec ma propre expérience du cinéma de John CASSAVETES. A commencer par cette "nudité existentielle" qu'il parvenait à obtenir en filmant ses acteurs en gros plan et qui transperçait l'écran, et ce dès "Shadows" (1958). Le seul cinéaste qui m'a procuré des émotions comparables avec ses "visages-paysages", c'est Chris MARKER dans "La Jetee" (1963). Autre aspect majeur de ses films bien évoqué qui les ont toujours rendus haletants à mes yeux (je me souviens encore de mes doigts crispés sur le siège de la salle qui projetait "Opening Night") (1977), c'est la manière dont il filme en plan-séquence des scènes qui semblent prises en temps réel et dont il est impossible de deviner à l'avance quelle tournure elles vont prendre, même s'il y introduit dedans souvent un malaise laissant entendre que cela peut dégénérer. Enfin, à partir de "Meurtre d'un bookmaker chinois" (1976), il introduit dans son cinéma une dimension irréelle, fantomatique (celui de Myrtle jeune, celui de Gloria etc.) qui exprime ce qu'il se passe dans la tête de ses personnages, de même qu'il parvient grâce à la sensualité de son cinéma à faire ressentir la circulation d'affects pourtant invisibles. Quant à Gena ROWLANDS lorsqu'il dit qu'elle se situe au-delà du jeu, qu'elle n'imite personne alors que le rôle de Mabel se prêterait à la performance, cela m'a fait sourire tant cela me paraît être une évidence. Et c'est pourquoi tant d'actrices qui ont tenté justement de l'imiter s'y sont cassé les dents.

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