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Quand vient l'automne

Publié le par Rosalie210

François Ozon (2024)

Quand vient l'automne

Je ne suis pas une grande fan de Francois OZON, je le trouve inégal, parfois superficiel, inutilement tortueux, caricatural ou lourdement théâtral et référencé mais c'est un très bon directeur d'acteurs. Dans "Gouttes d'eau sur pierres brulantes" (2000) il a éclairé Bernard GIRAUDEAU sous un jour différent, mettant notamment en avant ses qualités de danseur, il a donné un rôle marquant à Charlotte RAMPLING dans "Sous le sable" (2000) en tenant tête aux producteurs qui la jugeaient trop âgée et dans "Ete 85" (2019) il a fait éclater le talent de Benjamin VOISIN. "Quand vient l'automne" met au premier plan deux actrices âgées et non retouchées, Josiane BALASKO et Helene VINCENT qui n'avait jamais obtenu jusqu'ici de premier rôle au cinéma ce qui m'a paru proprement incroyable. La sororité qu'entretiennent leurs personnages m'a un peu rappelé celle de "La Ceremonie" (1995) même si les héroïnes étaient beaucoup plus jeunes, le film de Francois OZON a d'ailleurs été qualifié de chabrolien. L'autre aspect du film que j'ai bien aimé et qui existait déjà dans "Une nouvelle amie" (2014) ou "Le Refuge" (2009) est celui de la réinvention des modèles familiaux hors des codes dominants de la société, y compris sur le plan moral. Michelle et Marie-Claude, deux vieilles dames a priori sans histoires traînent un passé de prostituées qui les poursuit et les condamne à la solitude. Michelle se rebelle avec les armes qu'elle possède contre cette opprobre qui l'ostracise. Elle fait corps avec son amie mais aussi avec le fils de celle-ci, un voyou qui sort tout juste de prison mais qui n'a pas renié sa mère. Quant je disais plus haut que Francois OZON était un bon directeur d'acteurs, on lui doit aussi d'avoir donné un rôle substantiel à Pierre LOTTIN à qui je l'espère on offrira les rôles qu'il mérite à l'avenir. Une relation filiale se noue donc entre Vincent et Michelle qui compense le violent rejet qu'elle subit de la part de sa fille, Valérie qui lui attribue son mal-être et l'empêche de voir son petit-fils (un rôle hélas caricatural offert à Ludivine SAGNIER qui empêche totalement le spectateur de s'intéresser à son sort). Francois OZON filme des plans émouvants de Michelle regardant tendrement Vincent jouer comme un enfant avec les objets de la chambre de son petit-fils ou Marie-Claude, pourtant terriblement renfrognée et "défaitiste" de son propre aveu esquisser un sourire en la regardant danser avec Vincent dans le bar qu'il vient d'ouvrir grâce à son aide financière (alors que Valérie attend juste que sa mère meure pour faire main-basse sur ses biens). Les liens affectifs qui se tissent entre ces trois marginaux et la façon dont Lucas, le petit-fils s'y épanouit peut être perçu comme quelque peu dérangeant, d'autant que comme toujours chez ce cinéaste, l'ensemble repose sur le non-dit et l'ambiguïté. Mais Francois OZON nous fait réfléchir sur le bien et le mal à la manière d'un Maupassant dans "Aux Champs" et j'aime beaucoup cette citation tirée du film "l’important n’est pas tant de faire le mal que d’avoir voulu faire le bien". Je dirai même que le plus important, c'est que ce qui ressort de ses actes génère du bien pour soi et autour de soi. Une cure "détox" radicale qui questionne les idées reçues.

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