La Traversée de l'Atlantique à la rame
Jean-François Laguionie (1978)
Palme d'or du court-métrage au festival de Cannes 1978, "La Traversée de l'Atlantique à la rame" n'est pas sans faire penser au dernier long-métrage de Jean-Francois LAGUIONIE, "Slocum et moi" (2024). Dans les deux cas, un bateau devient la métaphore de la vie humaine. Mais là où "Slocum et moi" (2024) reste dans le registre réaliste de l'aventure immobile en convoquant le rêve et l'imaginaire, "La Traversée de l'Atlantique à la rame", tout aussi onirique et contemplatif choisit la voie du fantastique. Le début s'inscrit pourtant dans le genre des exploits aventuriers de la Belle Epoque avec la célébration en fanfare du départ dans le port de New-York en 1907 de Jonathan et Adélaïde à bord de leur frêle canot, "Love and Courage" pour ce qui ressemble à un voyage de noces quelque peu en avance sur son temps*. Mais il s'avère que les années défilent presque immédiatement sur le carnet de bord que tiennent tour à tour les deux membres du couple alors que l'océan qui semble jamais n'avoir de fin adopte leurs humeurs: une mer d'huile dans les premières années où le temps est au beau fixe puis un avis de tempête quand les relations au sein du couple deviennent orageuses avant que chacun ne se mure dans l'indifférence. Finalement l'arrivée ou plutôt l'échouage du bateau en Europe se fera bien, cinquante ans plus tard mais, devenus des vieillards, ils auront depuis longtemps quitté le navire.
* Pour mémoire il faudra attendre 1980 pour qu'un navigateur, Gérard d'Aboville réussisse à traverser l'Atlantique à la rame en un peu plus de 70 jours.
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