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La Chambre d'à côté (The Room next door)

Publié le par Rosalie210

Pedro Almodovar (2025)

La Chambre d'à côté (The Room next door)

J'ai confiance en Pedro ALMODOVAR, un cinéaste dont je ne rate aucun film au cinéma. Néanmoins, j'avais des doutes à propos de "La Chambre d'à côté". Son univers allait-il être transposable dans une culture anglo-saxonne? L'esthétique n'allait-elle pas étouffer l'émotion? Est-ce que cela n'allait pas être trop cérébral? J'avais peur d'un exercice de style froid et désincarné à la façon de "La Voix humaine" (2020) où jouait déjà Tilda SWINTON. Mais j'ai en définitive beaucoup aimé le film. Je l'ai trouvé beau mais aussi apaisant, mélancolique et poétique. Moins bavard et plus contemplatif que d'ordinaire, c'est un film qui invite à apprivoiser la mort au travers du personnage d'Ingrid (Julianne MOORE) qui apprend à traverser ses peurs en acceptant d'accompagner jusqu'au bout du chemin son amie Martha (Tilda SWINTON) atteinte d'un cancer incurable sans la juger, sans tenter d'infléchir sa décision de mettre fin à ses jours. Le film est un plaidoyer pour le droit à choisir les modalités de sa "sortie de scène" quand elle s'annonce. Martha n'a même pas besoin d'assistance comme dans "Quelques heures de printemps" (2011) qui traite d'un sujet similaire dans un autre milieu social et dans un autre pays. Elle a juste besoin d'une présence amicale à ses côtés ce que j'ai trouvé très humain. J'ai beaucoup apprécié aussi de voir à l'écran une aussi belle amitié féminine. Cette sororité n'est pas fréquente au cinéma. Bien que le film soit épuré à l'extrême et que la maison ressemble à un cocon, les contingences extérieures ne sont pas ignorées. Ingrid doit en effet en même temps préparer le combat de l'après, celui des interrogatoires suspicieux sur son rôle exact dans la mort de son amie. J'ai eu l'impression à plusieurs reprises d'être dans un film japonais où la mort est intégrée à la vie, où les défunts restent présents même quand ils ne sont plus là, sous forme de fantômes par exemple. Et dans "La Chambre d'à côté", ils sont partout, que l'on convoque ceux du passé ou que Tilda SWINTON s'y dédouble comme souvent dans sa filmographie. C'est sans doute lié également à la neige qui tombe et scande régulièrement le film, une référence à la fin de "Gens de Dublin" (1987), l'adieu à la vie de John HUSTON adapté de la nouvelle de James Joyce.

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