Vingt dieux
Louise Courvoisier (2024)
Le premier film de Louise COURVOISIER est une comédie de terroir vivifiante qui met un peu de temps à démarrer mais déborde par la suite de charme et pose des questions plus profondes qu'il n'y paraît. Le héros, Totone est irrésistible avec sa bouille à la poil de carotte et son attitude de grand dadais (notamment face aux filles) alors que sa petite soeur Claire, choupinette comme tout est bien plus mature que lui. Si Totone apparaît au début du film comme un gamin rebelle et un peu nigaud, les épreuves initiatiques du film (que beaucoup comparent à un western rural ou à "Les Quatre cents coups" (1959) dans le Jura) vont lui mettre du plomb dans la cervelle. Les coups du sort obligent en effet Totone à grandir plus vite que prévu. Il doit renoncer à sa bande de potes vivant dans une éternelle adolescence insouciante à coup de bals, alcool, glande, courses de stock-cars... mais rencontre en échange des femmes, bosseuses bien plantées sur leurs jambes qui jouent un rôle déterminant dans son apprentissage de la vie et du métier de fromager. Marie-Lise, la fille du fermier chez qui travaille un temps Totone le trouve à son goût et le lui fait savoir. Totone espère lui chiper du lait pour fabriquer une meule de comté qui lui permettra de remporter un prix et sortir un peu la tête de l'eau. Mais il découvre bien davantage que les secrets de fabrication d'une recette ancestrale, un moyen de partage, un savoir-faire qui lui permette de redresser la tête, une identité le rattachant à ses racines. Les deux jeunes acteurs, tous deux agriculteurs et jurassiens sont d'un naturel épatant tout comme le reste du casting. "Vingt Dieux" est un film bien ancré dans le sol et qui fait du bien offrant un regard positif sur une jeunesse déclassée dans un territoire dit "périphérique".
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