Louise-Michel
Gustave Kervern et Benoît Delépine (2008)
J'avais pris un faux départ avec "Mammuth" (2010) que je n'avais pas aimé à l'époque (mais il me faut le revoir). "Louise-Michel" est l'une de ces comédies sociales vachardes et vengeresses trempée à l'humour belge et à l'esprit canal d'antan. Mais qui va au-delà de la fable potache. D'abord en s'inscrivant dans une filiation historique explicite: celle de l'institutrice anarchiste de la Commune qui, comme la Louise/Jean-Pierre de Gustave KERVERN et Benoit DELEPINE portait tout aussi bien le flingue. Mieux en tout cas que son comparse avec lequel elle forme un couple à la "Family Compo", Michel/Cathy, la "lopette mythomane" jouée par Bouli LANNERS. Mais aussi dans le sillage d'une filmographie implicite que j'ai perçue en écho: celle de "Les Temps modernes" (1936) avec le tapis de course qui s'enraye et les paroles mécaniques prononcées par le financier qui s'escrime dessus mais aussi celle de "Les Raisins de la colere" (1940). L'odyssée jusqu'au-boutiste et absurde de "Louise-Michel" résonne avec les propos échangés entre fermiers expulsés et bons petits soldats du capitalisme du film de John FORD adapté du roman de John Steinbeck se défaussant de leurs responsabilités sur une entité abstraite et lointaine: " Qui tuer ? Le conducteur reçoit ses ordres d’un type qui les reçoit de banque qui reçoit ses consignes de l’Est. Peut-être qu’il n’y a personne à tuer. Il ne s’agit peut-être pas d’hommes. Comme vous dites, c’est peut-être la propriété qui est en cause." Dans "Louise-Michel" où le politiquement correct est mis de côté puisque ce sont des malades en phase terminale qui sont chargés d'exécuter les "contrats", chaque nouveau mort, loin de constituer une catharsis s'avère n'être qu'un leurre menant le duo dans un périple à la Victor Hugo, de leur Picardie originelle à Bruxelles et de Bruxelles à Jersey devenu un paradis fiscal. Sur leur chemin, des rencontres loufoques avec des acteurs-réalisateurs bien connus pour leur regard critique sur le système tels que Mathieu KASSOVITZ en propriétaire d'une ferme estampillée "développement durable" et Albert DUPONTEL en tueur à gages serbe muet et frappadingue.
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