Marche à l'ombre
Michel Blanc (1984)
"Marche à l'ombre", premier film réalisé par Michel BLANC, c'est "Viens chez moi, j'habite chez une copine" (1980) avec un supplément d'âme. Un titre de RENAUD mais avec un "Téléphone"* à la main prêt à partir pour "New-York avec toi". "Marche à l'ombre" est un film en mouvement, un road movie dans lequel Paris n'est qu'une escale dans l'errance de François et Denis entre Athènes et New-York. Et encore, le Paris du film de Michel BLANC a de très forts accents africains et m'a toujours fait penser au clip de la chanson de Maxime LE FORESTIER, "Né quelque part" qui s'en est peut-être inspiré. Le déracinement est donc un puissant thème de "Marche à l'ombre" tout comme la fraternité qui réunit un temps clandestinement une communauté de migrants sous le même toit. Outre le déracinement et la fraternité, le troisième élément qui distingue "Marche à l'ombre" du film de Patrice LECONTE c'est la recherche de la beauté. Le personnage de François est sans doute l'un des plus beaux rôles (si ce n'est le plus beau) incarné par Gerard LANVIN (qui n'avait pas encore les tics de jeu qui me l'ont rendu par la suite si antipathique). En effet François a beau galérer dans un monde sordide, ce qui ressort de lui n'est qu'élévation vers les cimes du grand amour, indissociable de l'art comme le souligne la rencontre avec Mathilde (Sophie DUEZ) qui est danseuse, juste devant un cinéma. Et François est lui-même un musicien hors-pair (et sans doute trop idéaliste pour s'intégrer dans la société, comme autre loser magnifique, "Inside Llewyn Davis") (2013) qui avec ses companeros africains improvise des concerts si merveilleux qu'ils font oublier le minable squat dans lequel ils se sont réfugiés. C'est d'ailleurs par eux et aussi pour retrouver Mathilde qu'il part à New-York tenter sa chance. L'art, l'amour, la fraternité mais aussi l'amitié indéfectible qui unit François et Denis (Michel BLANC), poissard hypocondriaque ultra-"attachiant" qu'il protège comme un grand frère et qui nous fait rire avec des répliques rentrées dans les annales du cinéma, notamment la scène hallucinogène où il mélange loubards, renards et loup-garou ("les dents qui poussent").
* Jean-Louis AUBERT, ex-leader du groupe lui a rendu hommage le 4 octobre, révélant qu'ils avaient fréquentés le même lycée mais pas dans le même club.
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