La Tresse
Laetitia Colombani (2023)
Laetitia Colombani aime bien entrelacer des histoires. Je me souviens de "A la folie... pas du tout" qui montrait les mêmes événements en changeant le point de vue et en poussant les curseurs à l'extrême. "La Tresse" (d'après son roman au titre éponyme) alterne trois récits de femmes vivant dans les parties éloignées du monde mais reliées par leur combattivité face à l'adversité et... par leurs cheveux. A l'image de ses arguments publicitaires tapageurs ("le best-seller aux cinq millions de lecteurs", "préparez-vous à être émus aux larmes"), le film ne recule devant aucune grosse ficelle pour émouvoir tout en cherchant à dépayser par des images touristiques léchées. Surtout, les trois femmes sont mises sur le même plan alors qu'elles représentent les différents maillons de la chaîne de valeur d'une économie mondialisée et hiérarchisée. La fin, présentée comme un happy end m'a donné une sensation de malaise avec cette riche avocate canadienne aux dents longues dont la maladie est réduite à un problème de carrière et d'image. Mais la pire des trois histoires est celle de l'entreprise de perruques italienne, renflouée grâce à l'importation des cheveux indiens donnés en offrande aux dieux. Rien ne tient la route dans cette histoire qui serait juste ridicule si elle n'abordait pas sous couvert de success story la réalité de l'exploitation de la crédulité des indiens et indiennes les plus pauvres. Mais rien ne semble réfléchi dans ce dépliant touristique soit très naïf, soit très bête qui ne flatte que le cerveau reptilien en essayant d'endormir le reste (à commencer par la conscience sociale) sous les nappes de violons.
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