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Maria

Publié le par Rosalie210

Jessica Palud (2024)

Maria

"Maria" qui est l'adaptation de la biographie de Maria SCHNEIDER par sa cousine, Vanessa Schneider raconte des faits survenus il y a plus de cinquante ans mais qui résonnent avec l'époque actuelle, celui des abus sexuels commis sur de jeunes actrices au cours des tournages de films dans une ambiance d'omerta généralisée. Pour commencer, le film nous dépeint la situation familiale de Maria dans laquelle on reconnaît un schéma dysfonctionnel marqué par l'absence du père (l'acteur Daniel GELIN qui était marié par ailleurs et ne l'a jamais reconnue) et une mère mannequin jalouse et narcissique qui la rejette. Bien qu'elle puisse trouver un refuge chez son oncle et sa tante (les parents de Vanessa Schneider), Maria se lance à l'adolescence dans la quête de la reconnaissance paternelle en le suivant sur les plateaux et dans les fêtes nocturnes. C'est ainsi qu'elle devient "tout naturellement" une proie de choix pour des réalisateurs peu scrupuleux comme Bernardo BERTOLUCCI qui l'engage pour "Le Dernier tango a Paris" (1972). Une jeune actrice novice et mineure face à un réalisateur déjà célèbre et une star de presque trente ans plus âgée, Marlon BRANDO: une configuration hélas familière reflétant la domination masculine sur le cinéma, un art fait par des hommes pour des hommes comme le rappellera le "Sois belle et tais-toi" (1976) de Delphine SEYRIG dans lequel intervient Maria SCHNEIDER. Il est dommage que la mise en scène de Jessica PALUD ne soit pas plus lisible à ce sujet, comme si la scène du beurre était une transgression au sein d'un tournage jusque là idyllique alors que les inégalités de traitement entre Maria SCHNEIDER et Marlon BRANDO (sur la nudité par exemple) étaient présentes dès le début. Le fait de coller à la vision de l'actrice n'a jamais empêché le recul critique. La réalisatrice n'exploite d'ailleurs que trop peu l'aspect également très contemporain des images à caractère sexuel prises sans consentement de l'intéressé et ensuite largement diffusées, salissant son image et l'humiliant profondément. Si les rares cinéastes à avoir su proposer à Maria SCHNEIDER des rôles plus valorisants comme Michelangelo ANTONIONI ou Jacques RIVETTE sont salués, si sa franchise est soulignée celle-ci refusant de faire semblant pour assurer la promo du film de Bernardo BERTOLUCCI, c'est surtout sa descente aux enfers qui est mise en avant, l'émergence du mouvement féministe auquel elle a contribué étant réduit au personnage de son amante, Noor (Celeste BRUNNQUELL). Heureusement, Anamaria VARTOLOMEI porte le film sur ses épaules avec une belle présence.

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