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La Mariée était en noir

Publié le par Rosalie210

François Truffaut (1968)

La Mariée était en noir

"La Mariée était en noir" est le "Pas de printemps pour Marnie" de François Truffaut, son héroïne changeant d'identité, de costume et de couleur de cheveux à chaque nouvelle étape de son parcours, le tout sur la musique de Bernard Herrmann. Cependant au lieu de voler, Julie (Jeanne Moreau) tue un par un les hommes responsables de son malheur (joués respectivement par Claude Rich, Michel Bouquet, Michel Lonsdale, Charles Denner et Daniel Boulanger). Il s'agit donc d'une vengeance dont les ressemblances avec le "Kill Bill" de Quentin Tarantino (qui pourtant a juré ne pas connaître le film de Truffaut, ce dont je doute) sont nombreuses: tenue d'une liste dont les noms sont rayés au fur et à mesure que la vengeance s'accomplit, coupables formant un groupe dont le nombre est identique, construction d'une histoire et d'un mode opératoire différent à chaque nouveau crime et surtout, meurtre initial le jour des noces de la Mariée (c'est d'ailleurs son surnom dans les deux films de Tarantino) en pleine église. Cependant l'héroïne de Truffaut est moins un personnage qu'une simple pulsion de mort agissant sous des atours divers. C'est une image, un fantasme obsessionnel, celui de la femme fatale projeté sur les toiles et les murs de l'atelier de Fergus, l'un des cinq coupables qui en jouant les Pygmalion semble être comme un double du réalisateur. Inutile de préciser que dans cette configuration, il n'existe aucun espace permettant à Julie d'exister par elle-même. D'une certaine manière, elle n'est pas plus humaine que le Terminator de James Cameron, ne déviant jamais de son objectif, quitte à y laisser sa liberté et sa vie. Cet aspect programmatique rend le film bien trop prévisible dans son déroulement.

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