Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

L'argent fait le bonheur

Publié le par Rosalie210

Robert Guédiguian (1993)

L'argent fait le bonheur

"L'argent fait le bonheur" est à l'origine une commande s'inscrivant dans le contexte du renouveau de la télévision publique au début des années 90. On pense par exemple à la collection "Tous les garçons et les filles de leur âge" sur le thème de l'adolescence commandé par la chaîne Arte (et auquel appartient par exemple "Les Roseaux sauvages" (1994) de Andre TECHINE). "L'argent fait le bonheur" avait été réalisé à l'origine pour France télévisions mais c'est également Arte qui l'a diffusé tout en bénéficiant d'une sortie en salles. Il s'agit par ailleurs du premier des trois contes de l'Estaque, les deux autres étants "A l'attaque !" (2000) et "Marius et Jeannette" (1997). Le terme de conte souligne que le film, l'une des premières fictions sur la banlieue, n'est pas réaliste. Le ton est celui de la comédie mâtinée de fable sociale puisque le film contient une morale, portée par Simona (Ariane ASCARIDE), les autres femmes du quartier et leur curé (Jean-Pierre DARROUSSIN). L'histoire se déroule en effet dans le huis-clos d'une cité délabrée (et non dans les petits cabanons auxquels Robert GUEDIGUIAN nous a habitué) et montre un échantillon bigarré de ses habitants en proie aux maux de l'exclusion et de la pauvreté de ces années là (chômage, drogue, sida etc.) En même temps, le film montre que la misère matérielle s'accompagne d'une déliquescence des liens d'entraide et de solidarité, non sous la forme de l'embourgeoisement des anciennes générations ouvrières comme dans "Les Neiges du Kilimandjaro" (2010) ou d'un individualisme exacerbé chez les plus jeunes comme dans "Gloria Mundi" (2018) mais sous la forme d'une guerre fratricide de territoire. Comme Robert GUEDIGUIAN aime Frank CAPRA mais aussi visiblement la légende de Robin des bois, il offre une conclusion assez simpliste qui prête à sourire " Il faut apprendre à nos enfants à voler comme il faut ... comme autrefois. Volons les nantis, les bourgeois, les riches ! ... Montrons les bienfaits du partage. Soyons ce que nous sommes ! Vilains et solidaires". C'est évidemment bien naïf, utopique et choisir un personnage de curé pour veiller sur les "ouailles" est tout à fait discutable, compte tenu du pluri confessionnalisme de la cité, même si Robert GUEDIGUIAN l'utilise de façon quelque peu provocante. Bref, même si le film ne manque pas d'intérêt, les limites de l'exercice apparaissent assez évidentes, que ce soit sur le fond ou sur la forme.

Commenter cet article