Je ne suis pas là pour être aimé
Stéphane Brizé (2005)
"Je ne suis pas là pour être aimé", deuxième film de Stéphane Brizé travaille le thème de l'incommunicabilité avec finesse. Le personnage principal, Jean-Claude (Patrick Chesnais) qui a 50 ans mais en fait 60 mène une vie triste à mourir. Divorcé et solitaire, il exerce le métier d'huissier qu'il porte comme un lourd fardeau sur ses épaules. Ce métier, il ne l'a pas vraiment choisi, il l'a hérité de son père (Georges Wilson). Ce père qu'il visite tous les dimanches dans sa maison de retraite est un homme odieux qui fait vivre un enfer à tous ceux qui l'approchent. Jean-Claude est le seul membre de sa famille à encore à aller le voir et à encaisser sa hargne. Le vieil homme tient pourtant grâce à ce fils mais le lui cache soigneusement. Pour couronner le tout, voilà que le fils de Jean-Claude vient travailler à son étude mais ne pense qu'à ses plantes vertes. Tout cela finit par peser si lourd que son médecin lui conseille de faire de l'exercice. Il s'autorise alors à pousser la porte du cours de tango qu'il observait à la dérobée (comme son père l'observe lui quand il quitte la maison de retraite). Et, c'était fatal, il y rencontre son "miroir féminin", Françoise (Anne Consigny) de vingt ans sa cadette. La jeune femme qui ne s'affirme pas est tout aussi prisonnière de sa vie que Jean-Claude. Son fiancé est un égocentrique qui la délaisse mais sa famille met la pression pour qu'elle l'épouse par conformisme social. Dans une scène du film on voit la mère et la soeur faire des plans de table sans un mot ni un regard pour la principale intéressée qui est au bord des larmes. Néanmoins celle-ci ne semble pas avoir l'énergie de secouer le joug qui l'oppresse. Si bien que la rencontre avec Jean-Claude s'effectue dans les non-dits. Seule la danse possède le pouvoir de les délier des boulets invisibles qu'ils portent aux chevilles et aux poignets. Elle possède une magie discrète qui ne suffirait cependant peut-être pas sans qu'un personnage secondaire vienne apporter un coup de pouce peut-être un peu trop appuyé. De même les rebondissements finaux sont un peu trop prévisibles.
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