Sidonie au Japon
Elise Girard (2024)
"Sidonie au Japon", appartient à un genre bien particulier, celui du cinéma du Japon, à ne pas confondre avec le cinéma japonais. Le journal en ligne les Echos du 3 avril 2024 le définit ainsi: " Ce sont des films de cinéastes occidentaux qui observent les lumières de Tokyo ou les cerisiers de leur point de vue d'étrangers déboussolés. Dans « Sidonie au Japon », Elise GIRARD se risque dans les pas de prédécesseurs illustres, tels Alain RESNAIS (« Hiroshima, mon amour », 1959), Chris MARKER (« Sans soleil », 1983) ou Sofia COPPOLA (« Lost in Translation », 2003)". J'ajouterais pour ma part, "Tokyo-Ga" de Wim WENDERS (pour la scène de l'idéogramme du vide sur une tombe illustre) et même "La Jetée" de Chris MARKER qui certes ne se situe pas au Japon mais reprend un contexte post-apocalyptique cher à l'archipel nippon (pour la scène d'amour figurée sous forme d'une succession de photographies). N'importe quel amoureux du Japon ne peut qu'apprécier de retrouver nombre d'éléments caractéristiques de sa culture (les cerisiers en fleur, le ryokan, les temples, le parc aux cerfs de Nara, la lune, les jardins zen, les fantômes etc.) Néanmoins, si le film se feuillette comme un joli livre d'images exotiques (le titre enfantin fait penser à une mélange entre la série des Martine et la série d'animation "Aglaé et Sidonie"), il manque sérieusement de profondeur. Le Japon décrit est complètement fantomatique, le tournage ayant eu lieu durant la période du Covid. Les quelques touches d'humour se perdent rapidement dans les sables d'une langueur pénible à la longue qui donne l'impression que les 1h30 du film s'éternisent. Enfin et surtout, la rencontre amoureuse entre Sidonie, romancière parisienne hantée par son mari défunt et son éditeur japonais, Kenzo Mizoguchi en pleine crise conjugale n'est qu'un pâle reflet de "Hiroshima mon amour" (1958) malgré la tentative superficielle de plaquer un passé traumatique relié à la ville martyre sur le personnage de Kenzo. On est plutôt dans le convenu et le cliché, tant sur un pays présenté comme le remède thérapeutique à tous les maux de l'âme dans la lignée de "Voyage a Yoshino" (2018)" que sur les personnages, celui de l'éditeur se révélant être au final "l'escort boy" fantasmatique (100% disponible et bien sûr prêt à la romance exotique façon "Mange, prie, aime") d'une romancière singulièrement privée de substance à force de n'avoir ni passé (tous ses proches morts dans des accidents de voiture) ni futur (le fantôme de son ex-mari qui lui explique qu'il n'a pas voulu d'enfant par possessivité!). Le jeu pour le moins minimaliste de Isabelle HUPPERT ne donnant pas non plus matière à y croire.
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