Rosalie
Stéphanie di Giusto (2024)
Comme dans son précédent film, "La Danseuse" (2016), Stephanie DI GIUSTO tenait un sujet fort en la personne d'une femme hors-norme ayant réellement existé: Loïe Fuller pour "La Danseuse" (2016), Clémentine Delait pour "Rosalie". Sujet fort que ces femmes dont l'apparence ou la manière d'être brouille tous les standards de la féminité. Hélas, le traitement du film reste trop en surface comme c'était déjà le cas dans "La Danseuse" (2016). Si les interprétations denses de Nadia TERESZKIEWICZ et Benoit MAGIMEL portent le film et rendent leurs personnages attachants (le casting est un point fort des films de Stephanie DI GIUSTO), celle-ci a bien du mal à mener son histoire d'une manière convaincante. L'aspect social, si important dans une histoire où le regard des autres est primordial se réduit à peu de choses près à un théâtre d'ombres. La réaction des villageois à l'irruption d'une femme à barbe donne lieu à des réactions quasi-unanimes et caricaturales dans un sens puis dans l'autre alors que Benjamin BIOLAY joue un patron lui aussi sans nuances (à quand enfin un rôle intéressant pour cet artiste, souvent réduit à celui de grand méchant de l'histoire?) Et si Nadia TERESZKIEWICZ rayonne de charme et de naturel avec ou sans barbe, cette dernière lui donnant même un surcroît de prestance et de force, son personnage est également construit d'une façon peu subtile. Elle passe sans transition de l'introversion et de la crainte du rejet de son mari à une désinhibition joyeuse assez déconcertante lorsqu'elle imagine exhiber sa pilosité pour en faire un atout économique, avant de sombrer dans la dépression et l'autodestruction. Bref là encore, tout et son contraire, le personnage d'Abel étant à peu près le seul ayant droit à une évolution fluide et cohérente. Conclusion, un sujet fort et contemporain (comment le corps hors-norme d'une femme vient bouleverser les repères d'une micro-société) traité de façon hélas maladroite.
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