La Fille de son père
Erwan Le Duc (2023)
Bien qu'un chouia confus et inabouti dans sa progression dramatique, "La fille de son père" est rempli de trouvailles originales, drôles ou poétiques ainsi d'un recul salutaire sur notre époque. Il n'y a guère que chez Albert DUPONTEL que l'on peut trouver ainsi conjugués loufoquerie et esprit critique comme la décision radicale de la maire éco-anxieuse (Noemie LVOVSKY) pour reverdir sa commune ou cet agent immobilier qui vend des pieds à terre qu'il n'habitera jamais pour reprendre une phrase de la chanson "Ma Rue" de Zebda. Agent qui se définit comme un grouillot du capitalisme et dont j'aime beaucoup cette phrase "ne rien lâcher, ne jamais rien lâcher, pourtant, on serait plus léger". Et puis le duo père-fille est lui même original et porté par des acteurs que j'aime beaucoup mais bien trop rares: Nahuel PEREZ BISCAYART (que d'ailleurs Albert DUPONTEL avait fait jouer dans "Au revoir la-haut") (2016) et Celeste BRUNNQUELL. Le premier, immature et fragile n'est jamais parvenu à se rétablir de la fuite de sa compagne qui l'a planté avec leur fille lors d'une ouverture menée tambour battant où elle a disparu sous prétexte de chercher une place (de stationnement) qu'elle n'a manifestement jamais trouvé. La seconde devenue une artiste de talent dont les peintures illuminent le film semble plus mature que son père mais ne s'autorise pas à le quitter de peur de le voir s'écrouler. L'enjeu est donc pour lui de réinvestir pleinement une relation et pour elle de devenir une adulte autonome. Les désirs et les sentiments s'expriment avec une certain décalage dû à une écriture littéraire un peu alambiquée mais leur traduction visuelle est vraiment réussie, notamment la réactualisation des scènes d'amour où le prétendant grimpe jusqu'au balcon de sa belle. Un film encore un peu trop brut mais vraiment très prometteur.
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