Variétés (Varieté)
Ewald André Dupont (1925)
En regardant "Variétés", le premier film où je vois Emil JANNINGS sans favoris, ni moustache, ni maquillage outrancier, ni perruque, je lui ai trouvé des airs de Jean GABIN. Et ce sans savoir qu'un remake avait été tourné dix ans plus tard, en 1935 avec Jean GABIN justement! Il faut dire que l'intrigue ressemble à ce que l'acteur français tournait à l'époque, des histoires d'adultère et de vengeance. Mais le film muet de Ewald Andre DUPONT récemment restauré retranscrit avec force l'ébullition du Berlin de la République de Weimar. La mise en scène est brillante, faisant passer l'essentiel par l'image, parfois jusqu'à l'abstraction. Néanmoins, lorsqu'elle n'illustre pas l'intériorité de son héros tourmenté, celle-ci est réaliste contrairement aux films allemands les plus connus de cette époque qui étaient expressionnistes. C'est sans doute aussi ce "naturalisme" qui m'a fait penser à Gabin en regardant Emil JANNINGS jouer sans masque. L'histoire se déroule dans le monde du spectacle comme de nombreux films muets -un héritage du cinéma premier qui se jouait dans les foires- et fait penser sur le plan de l'intrigue un peu à "L'Aurore" (1926). Un ancien trapéziste devenu bateleur de foire s'ennuie dans sa vie plan-plan avec sa femme et son bébé. l'occasion lui est donnée de retrouver le frisson du risque avec une jeune danseuse naufragée qu'il recueille avant de s'enfuir avec elle et qui s'avère aussi excellente trapéziste. Mais celle-ci est convoitée par leur partenaire commun, un artiste de music-hall qui va faire d'eux des professionnels reconnus mais va aussi précipiter le drame. La scène où Emil JANNINGS le fixe longuement sans dire un mot met les chocottes, l'acteur savait mettre une intensité dans son regard impressionnante, proche de la folie. Sa partenaire, Lya De PUTTI est également impressionnante dans sa chute finale, réalisée sans trucages. Une oeuvre importante à découvrir pour avoir une autre vision du cinéma allemand de cette période.
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