Une année difficile
Eric Toledano et Olivier Nakache (2023)
J'attends toujours avec impatience les films du tandem Philippe TOLEDANO et Olivier NAKACHE dont j'ai beaucoup aimé également les deux saisons de la série "En Therapie" (2020). Je n'ai toutefois pas été complètement convaincue par "Une année difficile". Non que le film soit dépourvu de bonne idées. Elles ne manquent pas. En particulier l'idée de filmer au ralenti sur "La valse à mille temps" de Jacques BREL des gens se battant comme des chiens pour s'accaparer les produits en promotion lors du "Black Friday" donne un reflet peu reluisant de la société consumériste addict jusqu'au cou aux biens matériels. A l'image de l'hilarant personnage joué par Mathieu AMALRIC qui élabore toutes sortes de stratagèmes pour tenter d'entrer au casino où il est pourtant interdit de jeu. Néanmoins, assez rapidement le scénario bifurque vers une autre thématique, beaucoup plus sociale. Ainsi le personnage de Jonathan COHEN explique avoir sombré dans la spirale du surendettement pour "être à la hauteur" de son épouse, d'un milieu social plus élevé que lui. Comme un écho à sa situation, le travailleur précaire, SDF et surendetté joué par Pio MARMAI qui vit de combines tombe sous le charme d'une fille de très bonne famille (Noemie MERLANT) qui par esprit de rébellion a adopté les idéaux décroissants et vit dans un grand appartement bourgeois presque vide. Mieux encore, elle est la figure de proue d'un mouvement écologiste inspiré de "Extinction Rébellion" auquel les deux compères adhèrent surtout par opportunisme (du moins au début) et dont les membres se donnent des surnoms pour échapper aux assignations sociales. Le problème, outre que les personnages de Pio MARMAI et de Jonathan COHEN semblent trop légers et propres sur eux pour les rôles qu'ils sont censés incarner, est le manque de liant entre toutes les thématiques abordées. L'écologie (et son mal moderne, l'éco-anxiété) est traitée de façon superficielle et la fin est convenue. Rien de bien visionnaire donc dans cette confrontation entre "la fin du monde" et la "fin du mois". Un peu plus de hauteur de vue n'aurait pas fait de mal.
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