Les Feuilles mortes (Kuolleet lehdet)
Aki Kaurismäki (2023)
La projection et les commentaires autour de "The Dead Don't Die" (2018) de Jim JARMUSCH* ne constitue pas seulement le climax hilarant du dernier film de Aki KAURISMAKI (qui a compris le potentiel comique "décalé" du film et en joue fort bien). Il donne une bonne définition de son dernier opus. Avec Hayao MIYAZAKI, celui-ci constitue le plus célèbre vrai-faux retraité du cinéma mondial. Visiblement il n'est pas si simple d'en finir avec le septième art quand celui-ci fait à ce point partie de vous, chacun des deux cinéastes incarnant en prime en tout ou en partie son pays à l'international. Et puis un film qui s'appelle "Les Feuilles mortes" avec deux personnages qui ont tout de zombies, cela ressemble assez au style Aki KAURISMAKI. Des cadres figés, des décors démodés, des couleurs délavées, des visages fatigués, des nouvelles tournant exclusivement autour de la guerre en Ukraine, histoire de rappeler que la Finlande partage une frontière de 1300 km avec la Russie, des rues désertées, un monde du travail déshumanisé, il y aurait de quoi se flinguer. C'est oublier que le monde froid et gris de Aki KAURISMAKI est constellé d'humanisme, d'humour, de touches de couleurs vives et d'amour. Car "Les Feuilles mortes" raconte surtout cela: une histoire d'amour entre deux prolétaires solitaires et malmenés par la vie dont les rencontres, systématiquement contrariées sont ponctuées de chansons et de cinéma. Comme dans ses autres films, la figure tutélaire de Charles CHAPLIN veille sur les amoureux avec une fin entre "Une Vie de chien" (1918) et "Les Temps modernes" (1936).
* Dans "Night on earth" (1991), la dernière séquence se déroulait à Helsinki et mettait en scène un acteur fétiche de Aki KAURISMAKI, Matti PELLONPAA.
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