Beignets de tomates vertes (Fried Green Tomatoes at the Whistle Stop Cafe)
Jon Avnet (1991)
"Beignets de tomates vertes" est un film que j'avais vu à sa sortie et dont j'avais gardé un très bon souvenir. A l'occasion de son passage sur France.tv, je l'ai revu et toujours autant apprécié. On peut lui reprocher quelques situations appuyées, néanmoins la recette fonctionne. Parlons-en d'ailleurs de cette recette: une pincée de "La Couleur pourpre" (1985), un soupçon de "TO KILL A MOCKINGBIRD" (1962), une louche de "Forrest Gump" (1994), quelques grains de "Bagdad café" (1987), le titre original du film étant repris du roman de Fannie Flag dont il est l'adaptation, "Fried Green Tomatoes at the Whistle Stop Cafe". Comme dans le film de Percy ADLON, il est question de femmes au bord de la crise de nerfs qui vont reprendre leur vie en main dans un environnement hostile en montant "un resto à soi" (en référence au célèbre livre de Virginia Woolf "Une chambre à soi" sur les conditions de l'émancipation féminine dans le domaine artistique). S'y ajoute un sous-texte dans lequel nourriture et sexualité sont corrélées. Ainsi la recette phare des deux amies du Whistle Stop Cafe, Idgie (Mary STUART MASTERSON) et Ruth (Mary-Louise PARKER) est végétarienne (l'un des indices crypto lesbien de leur relation) alors que le mari de la seconde, violent et raciste est comparé à un cochon destiné à finir en barbecue. Enfin, Evelyn Couch, la quadragénaire dépressive jouée par Kathy BATES compense sa frustration sexuelle par une boulimie de sucreries. A travers les deux époques traitées dans le film (l'entre-deux-guerres et les années 80) et leur ancrage commun en Alabama, c'est le modèle culturel de l'Amérique profonde qui est interrogé, le film mettant en scène une solidarité entre les femmes, les minorités et les laissés pour compte face au patriarcat et à l'extrémisme incarné par le Ku Klux Klan qui connut un âge d'or dans les années 30. Une société alternative fondée sur l'horizontalité et qui est implicitement comparée à une ruche dont la reine (surnommée "la charmeuse d'abeilles") est Idgie, jeune femme libre vivant et se comportant comme un homme, source d'inspiration pour les femmes d'aujourd'hui.
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