Magic Mike
Steven Soderbergh (2012)
C'est après avoir assisté à une conférence sur le corps queer au cinéma ponctué d'extraits de films pointant les différences dans manière de filmer strip-tease féminin et masculin que j'ai eu envie de voir "Magic Mike". Dans ce dernier domaine, j'en étais resté à "The Full Monty" (1997) qui tout de même commence à dater. En dépit de grandes différences esthétiques, les deux films ont pour point commun de donner aux personnages des origines prolétariennes et de leur faire considérer le strip-tease comme un moyen de réalisation ou de reconnaissance sociale et non comme une fin. Michael (Channing TATUM dont l'expérience dans le milieu a nourri le film) veut passer du rôle d'objet de désir à celui de sujet maître de son destin en devenant entrepreneur. Mais il semble en même temps se saboter en s'entourant de boulets ou de prédateurs qui profitent de lui. Joanna (Olivia MUNN) par exemple est une étudiante issue d'un milieu aisé qui veut se payer un maximum de corps jeunes et beaux avant de se ranger, le chippendale constituant une prise de choix. Il en va de même avec Dallas, son patron, génialement joué par un Matthew McCONAUGHEY extrêmement sensuel voire provocant mais qui ne lui donne qu'un faible pourcentage sur ses performances. Enfin Adam, le petit jeune qu'il prend sous son aile (Alex PETTYFER) afin de se rapprocher de sa soeur (Cody HORN) achève de lui mettre la tête sous l'eau de par sa stupidité. Mais ce n'est pas vraiment cette intrigue, traitée assez superficiellement que l'on retient mais plutôt les numéros de danse dont le caractère sulfureux est là encore trop édulcoré. Certes, Steven SODERBERGH a souvent questionné l'identité masculine dans ses films. Mais la façon dont il tente assez maladroitement de couper court à tout ce que le film peut charrier d'homoérotisme interroge. C'est particulièrement flagrant dans la scène du miroir où Dallas initie Adam à l'aide de force déhanchements plus que suggestifs mais en prévenant que "c'est pour le boulot". Mieux aurait valu laisser le spectateur décider par lui-même de la nature de ce qu'il voyait. C'est sans doute le caractère commercial du film qui explique ce recours à des justifications superfétatoires. Par ailleurs, la photographie duale bleu/jaune qui m'a rappelé "Traffic" (2000) n'est pas du meilleur goût.
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