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Media Crash - qui a tué le débat public?

Publié le par Rosalie210

Valentine Oberti, Luc Hermann (2022)

Media Crash - qui a tué le débat public?

"Media Crash - qui a tué le débat public ?" (2022) s'inscrit dans la lignée de "Les Nouveaux chiens de garde" (2011) qui interrogeait l'indépendance des médias et révélait que la pensée unique distillée par la plupart d'entre d'eux, dans la lignée de la célèbre phrase de Margaret Thatcher "There is no alternative" s'expliquait par leur relation incestueuse avec les hommes d'affaires et les hommes politiques, symbolisée par les réunions du Cercle. Un cénacle des élites dirigeantes devenu aujourd'hui célèbre en raison du scandale touchant son président, Olivier Duhamel qui avait dû démissionner en 2021 suite aux révélations d'inceste (familial celui-là) de sa belle-fille Camille Kouchner dans "La Familia Grande".

"Média Crash" est le fruit du travail de deux journalistes d'investigation, travaillant pour les rares médias indépendants de l'hexagone: Valentine Oberti de Mediapart qui a révélé de nombreuses affaires (dont celle touchant Jérôme Cahuzac qui est évoquée dans le film) et Luc Hermann de Premières Lignes, une société de production et agence de presse qui est notamment à l'origine de l'émission "Cash investigation" diffusée sur France 2. Leurs enquêtes sont éclairantes, démontrant que la plupart des médias français ne peuvent pas ou ne peuvent plus jouer leur rôle de contre-pouvoir parce qu'ils ont été acheté ou rachetés par les patrons des plus grands groupes français qui les musèlent et les orientent. Cas d'école, le rachat du groupe Canal + par Vincent Bolloré (dont la proximité avec les présidents n'est plus à démontrer depuis l'affaire du Yacht) a non seulement détruit "l'esprit canal" impertinent et critique (disparition des Guignols, du zapping, déprogrammation de documentaires d'investigation etc.) mais en a fait une tribune (notamment via I-Télé rebaptisé Cnews) pour Eric Zemmour et ses idées d'extrême-droite, le mettant en orbite pour la présidentielle face à Le Pen. Le tout avec la complicité du (faux) "idiot utile" Cyril Hanouna et son TPMP sur C8. Rebelote avec Bernard Arnault, le patron de LVMH et accessoirement (^^) de "Les Echos" et "Le Parisien" qui a fait infiltrer le journal Fakir du député LFI François Ruffin par Bernard Squarcini, un ancien haut fonctionnaire du renseignement qui a une longue expérience en matière d'espionnage de journalistes. Ce passage est par ailleurs le plus drôle du documentaire qui nous rejoue "Les Barbouzes" (1964). Mais au-delà de ces exemples précis, ce sont aussi les méthodes utilisées par ces patrons envers les médias qui ne leur appartiennent pas qui sont montrées du doigt: pressions, intimidations, diffamations etc. Eclairant et salutaire.

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