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Lemming

Publié le par Rosalie210

Dominik Moll (2005)

Lemming

"Lemming" a beaucoup de points communs avec "Harry un ami qui vous veut du bien" (2000), le film qui révéla Dominik MOLL qui est l'un des rares cinéastes français à s'aventurer avec bonheur dans le genre du thriller psychologique aux frontières du fantastique. Outre la présence de Laurent LUCAS dans le rôle principal d'Alain Getty, un "mari modèle" subissant le violent retour du refoulé de son inconscient, il brasse en effet quasiment les mêmes références: une grosse pincée de Alfred HITCHCOCK (une attaque de lemmings qui fait penser à celle de "Les Oiseaux" (1962) , un oeil-caméra voyeur qui fait un clin d'oeil à Harry et à Norman Bates), un nuage de David LYNCH (l'extérieur de la maison* de "Lost Highway" (1996), le conduit de "Blue Velvet" (1986) reliant la surface et les profondeurs), un soupçon de Stanley KUBRICK (l'odyssée de Alain Getty en eaux troubles s'apparente à celle du personnage de Tom CRUISE dans "Eyes wide shut" (1999), les toilettes et la salle de bains nid de fantasmes à "Shining") (1980)). Et pour remplacer la "bête de sexe" semeuse de mort Sergi LÓPEZ, Dominik MOLL nous sert une Charlotte RAMPLING grandiose dans le rôle de la croqueuse d'hommes à face de spectre venant jeter le trouble dans la vie bien rangée du couple formé par Alain et Bénédicte. Un prénom qui sent la religiosité confite à plein nez alors que leur libido refoulée s'appelle comme par hasard Alice qui commence par envoyer à la figure de son mari (André DUSSOLLIER) un verre de "Saint-Joseph" (^^) à la figure lors d'un dîner d'anthologie à la Claude CHABROL avant de s'offrir à Alain en lui susurrant qu'il peut "tout lui faire". La métaphore du petit rongeur venu du froid bouchant la tuyauterie prend tout son sens.

Hélas, "Lemming" contrairement à "Harry un ami qui vous veut du bien" (2000) ne parvient pas à remplir toutes ses promesses. Après un début en fanfare, le film s'avère moins convaincant dans sa deuxième partie. En effet Alice disparaît trop tôt physiquement et Charlotte GAINSBOURG qui incarne Bénédicte ne parvient pas tout à fait à nous faire croire qu'elle est "possédée" par son fantôme, même s'il s'agit vraisemblablement des hallucinations et fantasmes de son mari. Il en va de même pour André DUSSOLLIER dont le personnage est dépourvu de ce grain de folie qui donne tout son sel à celui de son épouse. On ressent alors un flottement allant croissant, la scène de fin parachevant cette déception en donnant une explication rationnelle à tout ce que l'on vient de voir alors que le mot d'ordre est "retour à la normale".

* Etant originaire de Toulouse, j'ai deviné que la maison se situe dans un quartier de la ville et non en banlieue, plus précisément sur les hauteurs de la colline de Pech David qui offre une vue imprenable sur le reste de la ville et que l'on peut survoler aujourd'hui en Téléo (téléphérique faisant partie de l'offre de transport en commun de Toulouse).

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