Hedwig and the angry inch
John Cameron Mitchell (2001)
"Hedwig and the Angry Inch" est à l'origine une comédie musicale créée par John Cameron MITCHELL en 1998. C'est également lui qui l'adapte pour le cinéma en 2001. Mais le personnage d'Hedwig avait déjà fait des apparitions sur scène à partir de 1994. Biographie chantée subvertie par l'esprit queer et transcendée par l'énergie rock, "Hedwig" met en lumière la part d'ombre des stars "crypto-gays" symbolisées par le chanteur américain Tommy Gnosis (Michael PITT). Hedwig, transexuel originaire de Berlin-est a en effet été son mentor avant que Tommy ne s'enfuie en lui volant les chansons qu'il avait créé pour lui. Ainsi en parallèle des images de concert soulignant le succès de Tommy, on assiste aux galères quotidiennes d'Hedwig contraint pour survivre de se produire dans des lieux miteux avec son groupe "The Angry Inch". Une allusion à l'opération ratée de changement de sexe subie par Hedwig au moment de passer à l'ouest. La symbolique du mur de Berlin qui coupe en deux la ville jusqu'en 1989 rejoint la problématique de Hedwig qui a été charcuté physiquement de telle façon qu'il n'est ni tout à fait un homme, ni tout à fait une femme et qui est à la recherche sentimentalement et sexuellement de sa moitié perdue (ce qu'exprime la chanson "The Origin of love"). Cette symbolique du mur était aussi celle des chanteurs de rock ayant servi de modèle à Hedwig à savoir "The Berlin Three" (David BOWIE, Lou REED, Iggy POP). S'il y a d'ailleurs une chanson qui définit Hedwig au point qu'il la fredonne c'est "Walk on the wild side". Pourtant malgré le caractère périlleux du sujet, le film n'est pas graveleux. John Cameron MITCHELL dont l'abattage impressionne interprète un Hedwig sensible à la recherche de lui-même et de l'âme soeur. Un personnage cash et candide aux émotions à fleur de peau que ce soit dans les larmes ou la colère qui équilibre l'emballage drag exubérant et les sujets explosifs qu'il charrie avec lui. D'autant que à certains moments, il n'y a plus d'emballage, John Cameron MITCHELL n'hésitant pas à se mettre à nu, au propre comme au figuré. La BO est somptueuse.
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