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Dancing Pina

Publié le par Rosalie210

Florian Heinzen-Ziob (2023)

Dancing Pina

Encore un documentaire sur Pina BAUSCH? Oui mais celui-ci a la particularité de s'intéresser à la transmission du travail de la célèbre chorégraphe allemande décédée en 2009 et à démontrer son caractère universel. Le film évolue en effet entre deux scènes aussi contrastées que complémentaires. La première est celle de l'opéra Semper à Dresde où l'on assiste aux répétitions et à la première de "Iphigénie en Tauride". Bien que l'on reste en Allemagne, la compagnie de ballet de l'opéra de Dresde est la première à avoir reçu l'autorisation de danser la chorégraphie que Pina Bausch avait inventé pour son théâtre de la danse à Wuppertal. Et Iphigénie est incarnée par Sangeun Lee, une danseuse sud-coréenne. La seconde est celle de l'école des Sables, centre international dédié aux danses africaines traditionnelles et contemporaines qui recrute et forme des danseurs venus des quatre coins de l'Afrique. Basée au sud de Dakar, elle présente une version décoiffante de la chorégraphie de Pina Bausch sur le "Sacre du printemps". Dans les deux cas, les danseurs sont encadrés par des piliers de la compagnie du théâtre de la danse de Wuppertal. Ainsi, Sangeun répète sous la direction de Malou AIRAUDO qui comme on le découvre sur des images d'archives a créé de nombreux rôles dansés imaginés par Pina dont Iphigénie dans les années 70. Du côté de l'école des Sables, c'est Josephine Ann Endicott, elle aussi ancienne soliste dans la troupe de Pina BAUSCH qui dirige les répétitions assistée par Jorge Puerta Armenta.

Disons-le franchement: le résultat est magique et émouvant. Les allers-retours incessants entre l'Allemagne et le Sénégal créent un contraste saisissant entre nature et culture, entre d'un côté un cadre néoclassique qui fait penser à l'opéra Garnier et de l'autre, un espace ouvert sur le désert et la mer où les danseurs évoluent à même la terre et le sable. Et en même temps des similitudes émergent autour de l'idée d'imperfection et de diversité en contraste cette fois avec la danse classique qui exige perfection et uniformité. Sangeun Lee complexe sur sa grande taille, Josephine Ann Endicott (venue du classique) évoque ses kilos en trop, d'autres danseuses parlent de leur carrure trop large et ce en de multiples langues: allemand, anglais, français mais aussi portugais car parmi les 14 pays africains représentés, Lucieny Kaabral, l'une des danseuses les plus impressionnantes, proche de la transe est d'origine cap-verdienne. Cette diversité est aussi celle des styles de danse, certains venant du classique, d'autres de la danse traditionnelle, d'autres de la danse contemporaine etc. A travers leurs témoignages, c'est un portrait en creux qui se dessine, celui de Pina BAUSCH, artiste anticonformiste et visionnaire dont l'art semble se couler avec un naturel confondant dans tous les corps et tous les environnements. La dernière scène sur la plage est renversante.

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