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Sidney Poitier, le révolutionnaire d'Hollywood (Sidney Poitier - Der Mann, der Hollywood veränderte)

Publié le par Rosalie210

Katja RUNGE, Henning VAN LIL (2022)

Sidney Poitier, le révolutionnaire d'Hollywood (Sidney Poitier - Der Mann, der Hollywood veränderte)

"Il a été le premier". C'est par cette accroche que débute le documentaire consacré à Sidney POITIER. Un bien lourd fardeau, celui d'avoir été la première star hollywoodienne afro-américaine et ce en pleine période du mouvement pour les droits civiques. Premier à avoir joué dans des rôles majeurs au sein de films mainstream et premier aussi à avoir reçu l'oscar du meilleur acteur en 1964 pour "Le Lys des champs" (1963), Sidney POITIER ne pouvait pas seulement être un acteur. Son statut de pionnier de l'intégration raciale à Hollywood en faisait un symbole politique et le plaçait dans une position identitaire particulièrement inconfortable et ce, des deux côtés de la barrière. Ainsi, à l'apogée de sa carrière en 1967 avec trois films importants dont "Dans la chaleur de la nuit" (1967) où il frappait un blanc sudiste raciste et "Devine qui vient dîner ?" (1967) où il embrassait une blanche alors qu'au début du tournage, 17 Etats interdisaient encore les unions interraciales dans un pays à la mentalité WASP obsédé par la pureté du sang, il se retrouva accusé dans un article intitulé "Mais pourquoi l'Amérique blanche aime-t-elle tant Sidney Poitier?" d'être "L'Oncle Tom" des blancs, une insulte désignant les noirs serviles et soumis (dont le personnage joué par Samuel L. JACKSON dans "Django Unchained" (2012) est l'archétype). Sa réplique fut mémorable: "Je suis un artiste, un homme, un américain, un contemporain. Je suis la somme de tout cela et je souhaiterais que vous me respectiez comme tel". Le documentaire souligne en effet que l'engagement de l'acteur dans le combat pour les droits civiques ne s'arrêtait pas à l'écran et qu'il fut bien évidemment victime de racisme (et même de mais ce n'était pas ce qu'il souhaitait mettre en avant. Comme Jean-Pierre BACRI avec les origines pied-noir, il refusait de se laisser enfermer dans "la négritude de sa vie" alors que comme tous les êtres humains, son identité était multiple. Ce qu'on retient de lui avant tout, c'est sa classe, son élégance, sa dignité, sa hauteur de vue. Agé et enfin reconnu à sa juste valeur (notamment par Barak Obama), son aura ressemble à celle de Nelson Mandela. Et il y a dans le documentaire comme un petit parfum de revanche lorsque plusieurs intervenants ironisent sur le caractère trop parfait du personnage qu'il interprète dans "Devine qui vient dîner ?" (1967) (film par lequel je l'ai découvert). L'aspect trop lisse et courtois de ses personnages lui a été souvent reproché dans les années 1960 mais en 2022, l'évidence, c'est que dans la réalité, un épidémiologiste célèbre travaillant à l'OMS ne s'intéresserait pas à une petite dinde de vingt ans, il aurait toutes les femmes à ses pieds.

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