Goodbye (Hope Gap)
William Nicholson (2019)
"Goodbye", c'est "Une séparation" (2010) version british (et pourquoi pas alors que Bill NIGHY est le héros du prochain film de Oliver HERMANUS, "Vivre", adaptation anglo-saxonne du film de Akira KUROSAWA par Kazuo ISHIGURO, l'auteur de "Les Vestiges du jour" (1993) qui doit sortir en décembre). Soit la chronique douce-amère de la fin d'un couple marié depuis 30 ans et de leur fils adulte, un "no life" plus ou moins pris en otage par ses parents. Si la mise en scène est impersonnelle, le film est rehaussé par son écriture subtile et bien évidemment par sa brillante interprétation. Bill NIGHY est tout en retenue comme à son habitude mais confirme depuis quelque temps sa propension à exprimer la fragilité de ses personnages ce qui le rend infiniment attachant alors que Annette BENING qui a conservé sa physionomie nature (ce qui l'embellit) parvient à nuancer son rôle plutôt ingrat de femme bafouée se réfugiant dans le déni, un certain degré de harcèlement et de chantage affectif... et la religion. Quant à Josh O CONNOR, lui aussi apporte beaucoup de nuances à un personnage renfermé et peu affirmé (à l'image du père) qui se retrouve dans la position inconfortable de l'intermédiaire que ses parents instrumentalisent. Pour peu que l'on aime ce travail sur la banalité du quotidien tout en demi-teinte, on appréciera particulièrement la grande finesse psychologique déployée par petites touches comme la tasse de thé que Grace laisse toujours à demi-pleine parce qu'elle "n'aime pas que les choses se terminent", offrant ainsi à son mari le moyen d'occuper le grand vide qui s'est installé entre eux en refaisant du thé. Plus tard, alors qu'il est parti depuis longtemps, on partage ses pensées en la voyant regarder son bureau où elle croit toujours l'apercevoir. Le vide lui est si insupportable qu'elle en vient à adopter un chien portant le nom de son ex-mari et à s'engager auprès de bénévoles à l'écoute de gens dans la détresse (étant donné que ses croyances religieuses l'empêchent d'envisager le suicide en dépit d'évidentes pulsions allant en ce sens). Du côté du mari, on remarquera la modestie de son nouveau foyer comparativement à l'ancien qui s'accorde avec ses propos quand il fait remarquer à son fils que l'homme a finalement besoin de peu de choses. Le film s'inscrit enfin dans les superbes paysages côtiers des falaises de Douvres.
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