Sous le soleil de Satan
Maurice Pialat (1987)
Un seul mot me vient à l'esprit pour qualifier ce film: pénible. J'aime beaucoup Maurice PIALAT quand il reste proche de son vécu mais justement, cela n'est pas le cas ici puisqu'il adapte une oeuvre littéraire de Georges Bernanos. Ne l'ayant pas lue, je ne sais pas si le sentiment d'étrangeté et de lourdeur qui émane du film provient de l'écrit ou bien de son adaptation. Mais le fait est qu'en dépit de l'interprétation habitée de Gérard DEPARDIEU (mais elles le sont toujours), j'ai eu l'impression que réalisateur et acteurs restaient extérieurs au sujet et par conséquent, le spectateur aussi. En effet ni l'aridité du propos, ni l'austérité de la mise en scène, ni le sujet de l'histoire, ni même le jeu théâtral des acteurs ne sont en soi rédhibitoires. Les films de Robert BRESSON traitent eux aussi de questions religieuses, le péché, la damnation, la rédemption, de la grâce, le tout avec un minimalisme extrême et un jeu blanc des acteurs et pourtant ça passe crème parce que les histoires racontées tout comme les propos restent du niveau de la parabole ou du conte avec des enjeux parfaitement lisibles et qui peuvent toucher aussi bien le croyant que le non croyant. Alors que "Sous le soleil de Satan" ne s'incarne pas dans une histoire simple mais en reste au niveau du discours de théologie appliqué. Quelques belles idées formelles sur le traitement de la lumière ne suffisent évidemment pas à donner de la consistance aux propos abscons que l'on entend sur 1h30.
Le fait est que si Maurice PIALAT n'avait pas dérogé à son univers habituel, il n'aurait très certainement pas reçu la Palme d'or et sa réaction devenue célèbre faisait passer comme un vent de revanche (ou de règlement de comptes). "Les Ailes du désir" (1987) étant l'un de mes films préférés (pourtant pas dénué de spiritualité non plus!), je ne peux que souscrire aux réactions indignées qui ont suivi l'attribution de cette palme. Ce n'est guère surprenant cependant, le nombre de jurys qui ont rendu un verdict recherchant le sensationnel plutôt que la qualité intrinsèque d'une oeuvre étant monnaie courante. Cela n'a pas dû cependant réconcilier Maurice PIALAT avec sa vision cynique de la vie. Pour découvrir la beauté de son oeuvre, il faut absolument éviter de commencer par celle-ci et se tourner plutôt vers "L Enfance nue" (1968) son véritable chef-d'oeuvre.
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