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Primrose Hill

Publié le par Rosalie210

Mikhaël Hers (2006)

Primrose Hill

Deuxième film de Mikhaëls Hers, "Primrose Hill" est un moyen-métrage charmant et prometteur. Le futur réalisateur de "Amanda" (2018) affirme déjà son intérêt pour la question du passage à l'âge adulte qu'il traite comme un deuil à l'aide du filtre du souvenir, du rêve... ou de l'au-delà. La narratrice (Mila DEKKER) est le cinquième membre d'un groupe de pop-rock qui s'est volatilisée sans que l'on sache pourquoi et comment. D'une voix off éthérée, elle raconte depuis son balcon le rêve qu'elle a fait au sujet de ses quatre anciens amis, deux garçons et deux filles d'une vingtaine d'années. Elle les voit déambuler dans un parc près de Paris peu de temps avant noël, elle voit leurs idéaux de prime jeunesse (on devine d'après le titre et la musique qu'ils écoutent et dans lequel le film baigne un passé très londonien) s'étioler sous le poids du quotidien. Mais tout cela est plus planant que triste grâce à la beauté de la lumière, une caméra aérienne qui tantôt survole la ville ou tantôt accompagne la déambulation des personnages en travelling arrière ou avant. Une fluidité que l'on retrouve dans la mise en scène faite de conversations entre ces jeunes qui échangent leur place à l'avant et à l'arrière plan d'une façon qui semble très naturelle (rester en arrière pour téléphoner, pour faire une blague, pour allumer une cigarette...). La deuxième partie possède ce même mélange de sentiments. On y voit lors d'un long plan-séquence Sonia et Stéphane, deux des membres du groupe qui se cherchaient déjà dans le parc (et sans doute depuis très longtemps) mais n'étaient jamais passé à l'acte céder à leur attirance mutuelle, le tout d'une façon très naturaliste. Je veux dire par là que leur relation sexuelle est montrée comme un prolongement naturel de leur relation telle qu'on la découvre dans le parc avec Sonia dans le rôle de celle qui prend l'initiative, qui bouscule l'ordre établi et Stéphane, déstabilisé et maladroit qui finit par la suivre. Ce beau moment (comme quoi c'est possible de filmer intelligemment des scènes intimes) illustre la célèbre phrase de Lavoisier "rien ne se perd, tout se transforme", la tristesse de ce qui n'est plus fait le lit de la joie qui va advenir. Après les moments à quatre puis à deux, la conclusion se resserre sur Stéphane qui retrouve ses parents et évoque Sylvia, sa soeur disparue que l'on devine être la voix-off. La boucle est bouclée.

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