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Pleure, ô pays bien-aimé (Cry, The Beloved Country)

Publié le par Rosalie210

Zoltan Korda (1952)

Pleure, ô pays bien-aimé (Cry, The Beloved Country)

Film sobre et poignant à la fois, "Pleure, ô mon pays bien-aimé" a été produit et scénarisé par Alan Paton d'après son roman éponyme, fruit de son expérience vécue lors des premières années de l'Apartheid en Afrique du sud. Deux personnages au moins ont hérité d'une part de lui-même: le directeur de la maison de redressement pour jeunes délinquants, poste qu'il occupait dans les années 30 et Arthur Jarvis, fils d'un propriétaire terrien travaillant au rapprochement entre noirs et blancs. Tout dans le film (dont la réalisation par Zoltan Korda, réalisateur d'origine hongroise est au service de l'histoire) respire la véracité. Les scènes dans les townships sont d'ailleurs proches du documentaire.

Contrairement aux attentes qu'un spectateur occidental peut avoir sur un tel sujet, le film n'évoque pas frontalement l'Apartheid. Il en montre plutôt les ravages sur la communauté noire qui comme dans la plupart des autres pays colonisés par les occidentaux a vu son mode de vie traditionnel dévasté. Avec les mêmes conséquences avilissantes un peu partout liées à la dissolution des liens tribaux et familiaux: l'alcool, la drogue, la délinquance, la criminalité, la prostitution, la misère etc. Stephen Kumalo, vieux pasteur ("umfundisi" en zoulou) très respecté parti à Johannesburg tenter de retrouver sa soeur, son frère et son fils ne peut que constater, impuissant, leur déchéance morale et aller de souffrance en souffrance. L'autre axe majeur du film est de montrer l'absurdité de la ségrégation. Un terrible événement va rapprocher le pasteur de James Jarvis, propriétaire terrien qui dans leur campagne éloignée ne s'étaient jamais adressés la parole. Jarvis et Kumalo ne seront d'ailleurs jamais aussi proches de leurs fils qu'en éprouvant la douleur de leur perte. Enfin, bien que peuplé d'hommes d'église, le film n'est ni larmoyant, ni édifiant. Bien que profondément humaniste, il dresse un constat parfaitement lucide sur la médiocrité ordinaire des comportements humains, notamment au travers du portrait de John Kumalo, le frère de Stephen, un homme égoïste et amoral agissant dans son seul intérêt.

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