Joies Matrimoniales (Mr. et Mrs. Smith)
Alfred Hitchcock (1941)
Dire que "Joies matrimoniales" est la seule comédie réalisée par Alfred Hitchcock comme on peut le lire un peu partout est inexact. "Mais qui a tué Harry?" ou bien "Complot de famille" sont des comédies policières et nombre d'autres thrillers d'Alfred Hitchcock comportent des passages relevant de la comédie (ce qui explique en partie que Cary Grant, acteur fétiche du genre y soit comme un poisson dans l'eau). Néanmoins, "Joies matrimoniales" est le seul film de sa filmographie appartenant à la catégorie de la screwball comédie subversive héritée du slapstick muet, fondée sur la contestation du mariage traditionnel, une guerre des sexes et un remariage final avec des rapports plus égalitaires entre hommes et femmes.
Au vu du rapport plutôt fétichiste que Alfred Hitchcock entretenait avec ces dames, il n'est guère étonnant qu'il se soit senti mal à l'aise dans un genre plutôt fait pour tailler en pièces que pour mettre sur un piédestal. Si "Joies matrimoniales" est par moments franchement drôle lorsque son couple phare (excellement interprété) se retrouve en raison d'un imbroglio administratif "démarié" à l'époque du rigide code Hays, il n'a rien de subversif, bien au contraire, il aboutit à un renforcement des stéréotypes de genre. Ainsi tous les efforts de l'immature Ann (Carole Lombard) pour grandir et s'émanciper (trouver un travail, fréquenter un autre homme etc.) sont court-circuités par le très jaloux et possessif David (Robert Montgomery) qui la présente de surcroît comme "une excellente ménagère" et finit par (métaphoriquement) lui briser les ailes. On peut être certain que les scènes vues au début du film (disputes, procrastination puis réconciliation sur l'oreiller) attendent le couple une fois leur problème administratif réglé.
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