Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

All Is True

Publié le par Rosalie210

Kenneth Branagh (2018)

All Is True

A force d'adapter les pièces de son idole, William Shakespeare à l'écran, il était inéluctable que Kenneth Branagh en vienne à interpréter le dramaturge lui-même dans ce qui est une biographie romancée (forcément au vu du peu d'éléments dont on dispose sur cet écrivain dont certains discutent encore aujourd'hui la paternité des oeuvres) et crépusculaire (rien à voir avec le très léger "Shakespeare in love", grand succès public made in Harvey Weinstein de la fin des années 90).

"All is true" qui fait partie des films de Kenneth Branagh jamais sortis sur les écrans français mais qui est maintenant disponible sur Netflix est esthétiquement d'une grande beauté, que ce soit dans le travail sur les couleurs dans les scènes d'extérieur ou sur la lumière dans celles d'intérieur (inspirées de la peinture hollandaise). Sur le plan du contenu, c'est un peu plus faible. Kenneth Branagh a choisi d'évoquer les dernières années de la vie de Shakespeare, mis en retraite forcée après l'incendie du théâtre du Globe à Londres en 1613. Il retrouve à Stratford-Upon-Avon la famille qu'il a délaissée, sa femme Anne, plus âgée que lui (Judi Dench) et ses deux filles adultes qu'il connaît mal, ainsi que le fantôme de son fils mort à l'âge de 11 ans dont il n'a pas fait le deuil. Si l'intrigue est un peu répétitive et le jeu des acteurs un peu trop contenu, le fait est que son développement est intéressant. A une époque où (on nous le rappelle) les hommes interprétaient sur les planches tous les rôles puisque les femmes étaient interdites de scène, la famille de Shakespeare l'oblige à se soucier de leur sort. Et il n'est guère reluisant. Anne est analphabète (un comble pour l'épouse de celui qui est devenue le symbole de la langue anglaise), Susanna est mal mariée à un puritain qui la néglige et l'étouffe en même temps et qu'elle est accusée de tromper. Judith est une célibataire aigrie qui culpabilise d'avoir survécu à son jumeau, mis sur un piédestal par son père avant même sa mort. Comme dans la société grecque antique, hommes et femmes menaient des vies séparées et étaient étrangers les uns aux autres. Conséquence logique, dans ces conditions, l'éclosion des sentiments amoureux était favorisé par la proximité entre personnes du même sexe. Ainsi lorsque le comte de Southampton (Ian McKellen), muse de Shakespeare vient lui rendre visite, celui-ci lui déclare sa flamme, littéralement, à se demander si ce n'est pas ça qui a mis le feu au Globe ^^.

Commenter cet article