Snow Therapy (Turist)
Ruben Östlund (2014)
J'ai eu la curiosité de voir ce film suédois diffusé sur Arte qui réussit l'exploit d'étouffer une idée de départ ultra pertinente sous un dispositif bien tape-à-l'oeil pour en mettre plein la vue en festival. Rappelons d'abord de quoi il est question: une famille de bobos scandinaves tout ce qu'il y a de plus cliché (jusqu'aux couleurs roses et bleues portées par les deux enfants en fonction de leur sexe) part quelques jours skier dans une station luxueuse des Alpes. Arrive une avalanche qui semble leur foncer dessus. Le père prend alors la fuite puis s'enfonce dans le déni. Le film autopsie alors le malaise qui s'installe dans le couple et plus largement dans la famille, ébranlée par un geste aux antipodes du rôle de protecteur que le père de famille est censé jouer. Néanmoins, de même que je n'ai pas trouvé logique d'invoquer "l'instinct de survie" à propos d'un homme qui abandonne sa femme et ses enfants sous le coup de la panique mais qui n'oublie en revanche ni ses gants, ni son iphone, il m'a paru tout aussi peu convaincant d'étudier l'instinct humain face à la nature à propos d'une avalanche déclenchée artificiellement (j'ai appris depuis qu'en plus, cela ne se pratique pas devant des touristes en train de déjeuner en terrasse ^^). Le tout dans un cadre qui ressemble à un bel objet arty fondé sur le vide: immenses couloirs déserts, plans contemplatifs à n'en plus finir sur des remontées mécaniques et des télésièges inoccupés comme si la famille passait ses vacances dans une station fantôme, psychologie de comptoir ou plutôt de restaurant et de salon (et toi, t'aurais fait quoi dans la même situation?), écrans envahis par le blanc de la tempête de neige, longs silences dans la salle de bains seulement interrompus par la brosse à dent électrique (scène répétée au moins trois fois) etc. Bref, c'est un film très poseur, rempli de références (la fin absurde est censée faire un clin d'oeil à Luis BUÑUEL, rien que ça) et qui au final est aussi vide que son dispositif. La montagne a accouché d'une souris.
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