Une Femme de Tête (Nappily Ever After)
Haifaa Al-Mansour
Réalisé par Haifaa Al-Mansour pour Netflix en 2018, "Une femme de tête" apporte un embryon de réflexion (qui n'en reste hélas qu'à un stade d'ébauche) sur l'émancipation d'une afro-américaine d'aujourd'hui vivant dans un milieu aisé vis à vis des canons de beauté imposés par la société dominante blanche et patriarcale. A chaque étape de son parcours, Violet, l'héroïne change de coupe et de coiffure, passant progressivement de l'obsession du cheveu lisse à l'acceptation de leur nature crépue en passant par un plan-séquence "choc" où regard face caméra, elle se rase la tête, se libérant ainsi du poids de ce fardeau qu'elle traîne depuis l'enfance (comme le montre la première séquence où sa mère lui a interdit de sauter dans une piscine pour éviter que ses cheveux ne frisent). L'ingénieux titre en VO "Nappily Ever After" est un jeu de mots faisant allusion au mouvement nappy (mot signifiant de façon péjorative "crépu" en anglais-américain ensuite réapproprié positivement comme étant l'acronyme de natural-happy) intimement lié au combat politique des années soixante pour les droits civiques et culturel pour la reconnaissance de la beauté noire ("black is beautiful") incluant l'acceptation des cheveux crépus.
Malheureusement, cet aspect indéniablement intéressant est noyé dans une intrigue conventionnelle et une réalisation très lisse et qui le reste jusqu'au bout ce qui finit par le déréaliser. Alors que le film est censé célébrer la libération des canons de beauté WASP (white anglo-saxon protestant), les acteurs, bien qu'afro-américains ont une apparence (et souvent un jeu) hyper-stéréotypé évoluant dans un luxe tape-à-l'oeil. Je pense en particulier à celui qui joue Clint, le petit ami de Violet dont le corps est sculpté par la gonflette et qui semble taillé pour le football américain. Qui plus est son personnage est médecin. Tout à fait représentatif donc de la communauté afro-américaine, surreprésentée dans la population carcérale, sous le seuil de pauvreté et en surpoids et en revanche sous-représentée dans la population diplômée...
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