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Meurtre (Murder!)

Publié le par Rosalie210

Alfred Hitchcock (1930)

Meurtre (Murder!)

Troisième film parlant de Alfred HITCHCOCK, "Meurtre" souffre d'une sérieuse baisse de rythme (et d'inspiration) en son milieu. Le début et la fin sont en revanche assez remarquables au niveau de la mise en scène et des thèmes traités. Car ce n'est pas un simple "whodunit" mais une réflexion sur l'interaction entre l'art et la vie, les apparences et la réalité. Le monde est filmé comme un théâtre ("Meurtre" est déjà un méta-film!) dans lequel s'agite une troupe de comédiens mêlés à une affaire de meurtre avec une coupable idéale (thème obsessionnel de Hitchcock). On pense beaucoup à "Douze hommes en colère" (1957) lors de la scène de délibérations des jurés. Sauf qu'il s'agit de son miroir inversé: la majorité triomphe de la minorité avec une puissance de persuasion suggérée par les cadrages et le montage qui mettent la pression sur celui qui ose penser différemment du troupeau. Homme qui se retrouve ensuite face à sa conscience lorsqu'il se regarde dans un vrai miroir en écoutant l'ouverture de "Tristan et Isolde" de Wagner. Pour élucider le mystère du véritable meurtrier, Sir John doit en effet traverser le miroir grâce aux artifices de son métier dans un va-et-vient entre vrai et faux qui fait penser à "Jeu dangereux" (1942). Sans surprise, la sexualité est au coeur du comportement du meurtrier qui tente non de cacher qu'il est métis (comme cela est dit) mais homosexuel (ce qui est suggéré visuellement mais ne peut être dit ouvertement). Par ailleurs, le film est encore marqué par le style expressionniste de l'époque du muet. La scène d'ouverture fondée sur un travelling dans une ruelle sombre au décor semblant fait de carton-pâte ou bien celle dans laquelle on voit l'ombre de la potence grandir sur le mur de la prison au fur et à mesure que les heures s'égrènent sont remarquables.

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