Diaboliquement vôtre
Julien Duvivier (1967)
Un film victime de la mode est un film rapidement démodé. Ayant récemment visionné le premier film de Julien Duvivier, "Haceldama" (1919), j'ai eu envie de voir le dernier "Diaboliquement vôtre", sorti alors que Julien Duvivier venait de décéder au volant de sa voiture. Ironie du sort, le film s'ouvre sur un générique trépidant en caméra subjective censé simuler une vitesse excessive puis un accident de la route. Mais une fois ces premières minutes écoulées, le film s'avère décevant. D'abord et surtout parce qu'il est impersonnel. "Diaboliquement vôtre" est calqué sur ce qui marchait à l'époque, c'est à dire le thriller de machination dérivé (jusque dans le titre!) du film de Henri-George Clouzot, "Les Diaboliques" et de certains thrillers hitchcockiens (en premier lieu "Vertigo"). Mais sans le génie de l'un et de l'autre bien entendu. Car en prime l'intrigue est grossièrement ficelée et la plupart des acteurs ont un jeu trop limité pour s'en dépêtrer honorablement. On est gêné pour la pauvre Senta Berger (engagée pour sa plastique qui permet au spectateur de se rincer l'oeil lorsqu'elle apparaît dans un déshabillé suggestif) censé interpréter l'épouse de l'accidenté amnésique et qui ne sait utiliser qu'un seul registre, celui de l'infantilisation à outrance. Quant on sait que l'accidenté est interprété par un Alain Delon au top de sa virilité féline, lui parler comme à un demeuré ou un enfant de deux ans ne colle pas du tout. Les autres sont encore plus mono-expressifs si possible. Seul Alain Delon crève l'écran (ce qui n'est pas difficile) mais il n'est vraiment pas aidé par le scénario mollasson et convenu. Et lui aussi est employé pour de mauvaises raisons (c'était l'acteur en vogue que tout le monde s'arrachait). Dommage donc que la carrière de Julien Duvivier s'achève sur cette sortie de route qui n'a même pas été un succès commercial.
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