Daddy Nostalgie
Bertrand Tavernier (1990)
Plutôt mésestimé dans la filmographie de Bertrand Tavernier, "Daddy Nostalgie" est un film intimiste sur la fin de vie et la relation complice qui se noue sur le tard entre un père et sa fille. C'est surtout le dernier rôle de l'immense Dirk Bogarde et on peut tout à fait le considérer comme un documentaire sur cet acteur qui s'était retiré du cinéma pour se consacrer à l'écriture 12 ans auparavant* et qui a longtemps vécu (comme dans le film) dans le sud de la France. Jane Birkin qui lui donne la réplique est assez convaincante si l'on accepte son jeu quelque peu maniéré. Bien sûr, "Daddy Nostalgie" ne parvient pas à se hisser à la hauteur de son modèle, "Un dimanche à la campagne" auquel il fait d'autant plus penser que Louis Ducreux y fait une fugitive apparition. On peut notamment reprocher au film un rythme assez indolent, une mise en scène très plate (sauf les quelques flashbacks et passages en voix-off, celle de Bertrand Tavernier lui-même qui esquisse une mise en abyme qui reste sous-développée) et le personnage antipathique de la mère (fort bien joué ceci étant par Odette Laure) qui n'est pas du tout assorti à celui du père. On se demande bien ce que cet anglais raffiné et plein d'élégance, amateur de whisky et de vin blanc a pu trouver en cette commère "made in PACA" qui boit du coca, joue au bridge et profère des insanités racistes en lisant "Le Figaro" (tout en se prétendant de gauche). Forcément, cela rend les quelques passages consacrés au couple complètement creux (sauf quand Daddy avoue qu'ils n'ont plus rien à se dire).
* Il n'avait en effet plus tourné depuis "Despair" de Rainer Werner Fassbinder en 1978.
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