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Peppermint frappé

Publié le par Rosalie210

Carlos Saura (1967)

Peppermint frappé

Première collaboration entre Carlos SAURA et Geraldine CHAPLIN, "Peppermint frappé" (1967) est un étrange cocktail entre ses contemporains latins "Blow-up" (1966) de Michelangelo ANTONIONI, et "Belle de jour (1966) de Luis BUÑUEL (et plus largement tout son cinéma passé et à venir, le film de Carlos SAURA lui étant d'ailleurs dédié) et enfin "Vertigo" (1958) de Alfred HITCHCOCK. Comme dans ses films ultérieurs, Carlos SAURA confronte la vieille bourgeoisie espagnole décrépite et frustrée à une jeune femme incarnant la modernité (ici des sixties). Si le thème du double est traité de façon plutôt maladroite, ce que j'ai trouvé le plus intéressant dans "Peppermint frappé", c'est le fait que le personnage principal (et par extension le film) résonne comme "l'ombre" de ceux à venir de Pedro ALMODÓVAR (lui-même très influencé par Alfred HITCHCOCK). Le générique de début est très "almodovarien" et surtout le personnage principal, Julian (José Luis LÓPEZ VÁZQUEZ) qui comme chez Luis BUÑUEL est un "vieux beau" amateur de chair très fraîche (Geraldine CHAPLIN avait 23 ans) éprouve une telle fascination fétichiste pour les attributs féminins (faux cils, rouge à lèvres, crème etc.) qu'il finit par tester les produits sur sa propre peau avec beaucoup de méticulosité. C'est bien sûr quelque chose de complètement refoulé et de fascinant à la fois de voir ce macho quinquagénaire à l'apparence si martiale pris la main dans la trousse de maquillage. Une séquence pas si éloignée de celle dans laquelle Anna se moque de José dans "Anna et les loups" (1972) en l'incitant à revêtir le haut de l'un des uniformes militaires qu'il collectionne alors qu'en dessous de la ceinture apparaît sa robe de chambre. On imagine alors ce qu'auraient pu être ces hommes s'ils avaient grandi au temps de la Movida et non de la dictature franquiste.

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