Darling chérie (Darling)
John Schlesinger (1965)
Intéressant portrait de femme sans identité et sans principes qui se laisse complètement modeler par son environnement, au gré des rencontres et des opportunités qu'elles lui offrent, "Darling" est une satire qui tape juste et s'avère donc pertinente encore aujourd'hui. Il faut dire que John Schlesinger avait l'oeil pour ça puisque quelques années plus tard, il a réalisé un chef-d'oeuvre reposant en partie sur les mêmes bases, "Macadam cowboy". En effet, il y a une réelle lucidité dans le fait de montrer en 1965 à quel point la libération sexuelle était un mirage. D'un bout à l'autre du film, Diana Scott (Julie Christie) n'existe que par et pour les hommes qu'elle rencontre. Car ce sont eux qui ont le pouvoir et qui tirent donc les ficelles de ce qui s'avère n'être qu'une marionnette, une parfaite petite coquille vide. Mais n'est-ce pas ce qui est justement demandé à la femme? "Sois belle et tais-toi?" Il suffit de voir sur quels critères elles sont sélectionnées pour faire du cinéma dans leur grande majorité puis comment elles en sont rejetées une fois "usagées" pour comprendre que la soi-disant modernité est un leurre. Diana s'ennuie donc en tant qu'épouse au foyer et encore plus en tant que maîtresse au foyer d'un intellectuel (Dirk Bogarde, remarquable comme toujours). Pour pimenter sa vie, elle se met à fréquenter les milieux branchés londoniens et parisiens très "swinging sixties" et se rapproche d'un homme d'affaires mondain et débauché (Laurence Harvey) qui lui décroche quelques contrats insignifiants dans le cinéma et la télévision façon promotion canapé. Insatisfaite, elle part à Capri avec un ami homosexuel tout ça pour finir... princesse della Romita (normal pour une femme prénommée Diane!) soit le rêve le plus éculé et le plus conventionnel de toutes les petites filles. Rêve dont la concrétisation ne lui apporte pas plus le bonheur que le reste. Diane n'est qu'un paquet de frustrations d'un bout à l'autre du film. Ca peut même être lassant à force de la voir alterner phases de séduction et phases de désenchantement sans aucune variation dans le motif, toutes ses tentatives se terminant par la même impasse existentielle. Voire indécent sur le mode "pauvre petite fille riche" d'autant qu'elle se fiche comme une guigne des sentiments des autres tant elle s'avère être un monstre de narcissisme. Sauf que le portrait d'elle qu'elle contemple est complètement creux, donc terriblement angoissant.
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