Le Petit Soldat
Paul Grimault (1947)
"Le Petit Soldat" est la première collaboration des trois grands poètes à l'origine de "Le Roi et l'Oiseau" (1979) à savoir Paul GRIMAULT, Jacques PRÉVERT et Joseph KOSMA. On peut même en rajouter un quatrième avec Hans Christian Andersen, "Le Petit Soldat" étant l'adaptation de l'un de ses contes "Le Vaillant petit soldat de plomb". Par conséquent, il n'est guère surprenant que le résultat soit un chef d'oeuvre touché par la grâce, aussi beau que poignant qui préfigure non seulement "Le Roi et l'Oiseau" (1979) mais toute sa descendance américaine. Les jouets animés de vie de la boutique du Petit Soldat sont les contemporains des premiers grands films de Walt DISNEY à qui ils font penser par la fluidité de leur animation, la délicatesse des couleurs, la rondeur des tracés et la pureté de leurs sentiments (les larmes de la poupée m'ont fait penser à celles que verse Dumbo). Ils sont aussi les grands-parents de ceux qui peuplent la chambre d'Andy dans "Toy Story" (1995), John LASSETER signant également son affiliation à Andersen par l'apparition de la bergère au milieu des petits soldats (en plastique et non plus en plomb, changement d'époque oblige). Mais le contexte du film de Paul GRIMAULT, réalisé en 1947 est beaucoup plus dramatique. L'ombre de la guerre plane sur l'innocence de l'enfance avant de venir la ravager par le biais de la destruction programmée des jouets et de leur temple. Dans un paysage hivernal parsemé de ruines un petit automate acrobate enrôlé de force revient blessé dans sa boutique d'origine pour retrouver l'élue de son coeur, une danseuse qui est accaparée par le diable. Mais celui-ci vole le coeur de l'automate avant de tenter de le détruire. S'engage alors une course-poursuite sur la glace charriée par le fleuve qui rappelle le magnifique film de D.W. GRIFFITH, "À travers l'orage" (1920) dans lequel l'amour fou s'oppose à la tyrannie dans une situation marquée par l'ombre portée de la mort.
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