Le Chaudron infernal
Georges Méliès (1903)
"Le Chaudron infernal" est l'un des plus illustres films de la carrière de Georges MÉLIÈS, sans doute en raison de son ambiance gothique, de la qualité de ses trucages, de son rythme parfait et de la poésie horrifique qui s'en dégage. Car en effet il ne s'agit pas moins que de l'ancêtre du film d'épouvante! La colorisation au pinceau image par image rehausse considérablement l'impact du film. D'abord avec l'opposition entre la couleur verdâtre des démons et le rose vif de leurs trois victimes. Le vert, tout comme le jaune également présent à l'image sont les couleurs du soufre et symbolisent la folie. Tandis que le rose est la couleur associée au féminin, genre auquel appartiennent les trois victimes et dont sont friands les démons. Mais comme il n'est pas question de montrer la luxure, c'est plutôt en les jetant dans les flammes de l'enfer que ceux-ci espèrent s'en repaître (via des trucages cinématographiques et des escamotages théâtraux que l'on devine: coupures/raccords, trappe coulissante verticale à l'intérieur du décor figurant le chaudron). Viennent ensuite les spectaculaires explosions d'un rouge écarlate qui ponctuent la transformation des jeunes femmes en fantômes, lesquels apparaissent à l'aide d'un magnifique travail de surimpression floutés en blanc en haut de l'image avant que ceux-ci ne s'embrasent inexplicablement. Le chef des démons (joué par Georges MÉLIÈS) n'a plus qu'à se jeter à son tour dans le chaudron pour leur échapper... ou bien les rejoindre.
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