Le Monde d'Apu (Apu Sansar)
Satyajit Ray (1959)
"Le Monde d'Apu" est le troisième et dernier volet de la "trilogie d'Apu" commencée avec "La Complainte du sentier" (1955) qui évoquait l'enfance d'Apu et poursuivie avec "L Invaincu" (1956) qui racontait son adolescence. Dans "Le Monde d'Apu", celui-ci est devenu un jeune homme (interprété par Soumitra CHATTERJEE dont c'est le premier film et qui inaugure ainsi une fructueuse collaboration de plus de trente ans avec Satyajit RAY) qui vit modestement à Calcutta tout près de la gare. Le motif du train, récurrent dans la trilogie illustre ici le tiraillement d'Apu entre ses origines paysannes dans l'Inde ancestrale qu'il a fui et une vie citadine marquée par la précarité. Apu a en effet du mal à joindre les deux bouts. Il est trop qualifié pour les emplois qu'on lui propose mais il ne parvient pas pour autant à vivre de sa plume. L'invitation à assister au mariage de la cousine d'un ami dans l'Inde rurale marque un tournant dans sa vie. Ce retour aux sources magnifié par de superbes et paisibles paysages fluviaux se solde par la rencontre avec Aparna (Sharmila TAGORE qui n'était alors âgée que de treize ans) au bras de laquelle il repart après s'être plié à des traditions qu'il avait pourtant fui. Un choix cependant heureux puisque le couple vit dans la félicité d'un amour partagé extrêmement bien mis en valeur par le réalisateur qui s'avère cependant tragiquement bref. Le destin semble s'acharner sur Apu qui ne peut décidément pas se stabiliser, sa vie se transformant en une longue errance stérile voire autodestructrice (son roman jeté dans la nature et son fils laissé à l'abandon). Une fois encore, c'est en retournant à ses origines qu'Apu peut renouer avec la paix de l'âme et devenir pleinement adulte. La fin est proprement bouleversante, la mise en scène de Satyajit RAY rehaussant les enjeux humains ce qui permet de refermer la trilogie sur un moment d'émotion rare.
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