Une nuit sur Terre (Night on Earth)
Jim Jarmusch (1991)
Je l'ai déjà écrit ailleurs, je ne suis pas fan des films fragmentés en plusieurs histoires. Surtout quand celles-ci sont indépendantes les unes des autres comme une collection de courts-métrages réunis par le thème, l'espace-temps ou l'esthétique. Les personnages n'ont pas le temps de s'épanouir et le résultat est souvent inégal.
C'est hélas le cas ici. Le point fort de "Night on earth" c'est son atmosphère urbaine et nocturne, presque fantomatique avec ses taxis jaunes qui semblent glisser à travers les rues désertes. Jim JARMUSCH aime les déambulations noctambules et cosmopolites qu'il a remis au goût du jour avec "Only lovers left alive" (2013)". L'habitacle du taxi, tel un refuge de lumière dans les ténèbres devient alors le lieu propice aux confidences. Le tout sur une musique de Tom WAITS qui me fait penser à du Nick CAVE.
Mais si la forme est séduisante (Jarmusch est un grand esthète), le fond est beaucoup plus discutable. Sur les cinq sketchs, un seul ne suscite chez moi aucune réserve, c'est celui qui se déroule à New-York autour de la rencontre entre un immigré allemand qui ne maîtrise ni la langue ni la conduite (Armin MUELLER-STAHL) et un habitant de Brooklyn qui ne parvient pas à se faire reconduire chez lui'(Giancarlo ESPOSITO). Les deux personnages sont drôles et complices, chacun renvoyant l'autre à son étrangeté et le rythme est enlevé. Le sketch à Paris commence bien avec une satire des diplomates africains au comportement condescendant vis à vis des travailleurs immigrés venus de leur continent mais ça se gâte dès que le chauffeur (Isaach de BANKOLÉ) fait monter Béatrice DALLE à bord de son véhicule. Celle-ci campe une caricature de son personnage public peu commode et on retrouve ce défaut dans d'autres segments avec des célébrités, que ce soit à Los Angeles avec une Gena ROWLANDS en businesswoman (face à une Winona RYDER méconnaissable et peu crédible) ou à Rome avec le one man show de Roberto BENIGNI dont les confessions zoophiles lui vaudraient aujourd'hui une condamnation pour maltraitance sur les animaux. Quant au dernier segment qui se déroule à Helsinki, il est tout à fait insignifiant.
Commenter cet article