Le Fugitif (The Fugitive)
Andrew Davis (1993)
"Le Fugitif" est l'adaptation très efficace et spectaculaire d'une série télévisée à succès des années 60. C'est aussi une relecture du thriller hitchcockien mais sans l'aspect psychanalytique (le faux coupable n'a aucune part d'ombre, il est juste victime d'une machination extérieure à lui). Le scénario ouvertement rocambolesque y va à fond dans l'invraisemblable au point que l'on oublie rapidement que Richard Kimble (Harrison Ford) est un chirurgien en cavale au profit de ses exploits de super-héros. Il devient Houdini lorsqu'il doit se libérer de ses chaînes lors de l'accident du véhicule pénitentiaire qui le conduisait en prison. Il a également des vertus transformistes insoupçonnées sans parler de son talent pour se faire faire des faux papiers. Et puis c'est un super enquêteur, capable de résoudre l'énigme du meurtre de sa femme tout ça avec la police à ses trousses. Et comme si ça ne suffisait pas il trouve encore le temps de sauver la vie des gens, que ce soit un petit garçon victime d'une erreur de diagnostic à l'hôpital (où il travaille sous une identité d'emprunt comme agent d'entretien) ou son ennemi juré, Samuel Gérard (Tommy Lee Jones) dont la pugnacité à le traquer équivaut à celle de Kimble à se faire innocenter. N'en déplaise au Monde, j'ai pensé naturellement à l'affrontement Jean Valjean/Javert même si l'on voie l'état d'esprit du second évoluer discrètement mais sûrement au fur et à mesure qu'il comprend où Kimble le mène là où Javert reste monolithique jusqu'au coup de théâtre final. Outre le fait que le rythme ne retombe jamais et augmente même dans une dernière demi-heure assez folle, la course-poursuite entre ces deux hommes intelligents et charismatiques (le premier dans le genre chaleureux et le second plus froid et inquiétant) est le plus grand atout du film qui a d'ailleurs permis à Tommy Lee Jones d'acquérir une renommée internationale méritée.
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