L'Ange des maudits
Fritz Lang (1952)
Quel est le point commun entre Nicholas Ray et Fritz Lang? Avoir réalisé à la même époque un western tournant autour d'un ranch ou d'un saloon tenu par une femme à poigne dirigeant des hommes. Femme interprétée par une star mythique de cinquante ans, Joan Crawford chez Nicholas Ray, Marlène Dietrich chez Fritz Lang. Mais la comparaison s'arrête là. Avec ses gangsters, sa femme fatale et sa sombre histoire de vengeance, le troisième et dernier western de Fritz Lang est en réalité un film noir en technicolor transposé dans le décor du grand ouest américain. Enfin, pas tout à fait car l'essentiel de l'intrigue se déroule en intérieur. Pourquoi pas, d'autant que le ranch "Chuck a Luck" ressemble a un club d'initiés (comme pour le château de "Eyes wide Shut" il faut y entrer sur recommandation pour en faire partie) précédé d'une réputation qui lui donne une véritable aura et filmé dans un cadre qui a de la gueule. Mais il est dommage que les acteurs masculins, que ce soit Arthur Kennedy dans le rôle du vengeur Vern Haskell ou Mel Ferrer dans celui du bandit Frenchy n'aient pas l'étoffe de leurs rôles. On se demande ce que Altar (Marlène Dietrich) peut bien leur trouver pour se laisser aussi facilement embobiner par Vern (dont on ne comprend pas s'il ne fait que l'utiliser ou s'il éprouve quelque chose à son égard) allant jusqu'à se sacrifier pour sauver Frenchy. Masochisme? Goût douteux pour les "bad boys"? On peut également souligner qu'à la différence du film de Ray, les personnages de Lang n'assument pas leur passé qui est effacé à leur entrée au ranch ce qui les prive de tout avenir. Cela va bien avec le fatalisme de l'histoire mais pas avec le genre du western, un cadre urbain et nocturne aurait mieux convenu.
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