Le médecin de famille (Wakolda)
Lucia Puenzo (2013)
Le grand projet eugéniste des nazis n'incluait pas seulement l'extermination des juifs mais également l'amélioration de la "race aryenne" jusqu'à un idéal de perfection et de pureté censé faire d'eux des dieux sur terre. En attendant ce jour les "fils du soleil" comme ils ne surnommaient devaient vivre en exil, cachés sous de fausses identités après leur défaite en 1945. L'Argentine fut l'une des terres d'accueil de ces nazis en fuite parmi lesquels se trouvait le terrifiant médecin d'Auschwitz, Josef Mengele. Lucía PUENZO a imaginé un épisode fictif de sa vie dans un roman qu'elle a ensuite porté à l'écran. Bien que la mise en scène soit un peu trop illustrative, le film ne manque pas d'intérêt. La première scène où le prédateur observe sa future proie suscite le malaise, de même que celles qui montrent ses carnets de croquis et l'atelier de fabrication de poupées en série qu'il finance, reflet de ses obsessions morbides "d'hygiène raciale". En dépit de son attitude franchement autoritaire et intrusive, ni Lilith qui souffre du harcèlement qu'elle subit à l'école à cause de sa petite taille, ni sa mère (qui est d'origine allemande et a grandi sous le nazisme) ne se méfient de lui. Elles l'accueillent plutôt comme leur bienfaiteur et subissent son emprise. Seul le père Enzo voit tout de suite que le personnage est louche et tente dès lors de l'empêcher d'utiliser sa fille puis ses fils jumeaux nouveaux nés comme cobayes de ses expériences. En arrière-plan de la petite histoire, la grande s'écrit avec l'enlèvement d'Eichmann par le Mossad et la traque infructueuse de Mengele qui réussit à s'enfuir pour le Paraguay puis le Brésil.
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