De beaux lendemains (The Sweet Hereafter)
Atom Egoyan (1997)
Autant "Exotica" (1994) en dépit de sa toile de fond désespérée portait un regard compatissant sur ses personnages en souffrance, autant "De beaux lendemains" ressemble a un châtiment (divin?) collectif réactualisant le conte du joueur de flûte de Hamelin dans lequel les habitants d'une bourgade des USA se retrouvent à la suite d'un accident de bus scolaire privés de leurs enfants, donc de toute perspective d'avenir. Si l'on excepte le cas de l'inceste (dont la victime, suprême ironie est la seule survivante parmi les passagers du bus accidenté), les raisons pour lesquelles Atom EGOYAN s'acharne sur ces habitants qui lorsqu'ils ne se retrouvent pas sans descendance sont plus ou moins lourdement handicapés me semblent nébuleuses. Même lourdeur dans le traitement de l'avocat joué par Ian HOLM qui espère tirer un profit de la tragédie en empochant une partie des indemnités qu'il espère obtenir pour ses "clients" à moins que ce ne soit une revanche symbolique face à son impuissance vis à vis de sa fille toxico et séropo qui passe son temps à l'appeler en PCV histoire d'en remettre une couche dans la culpabilité? Une culpabilité dont on a bien du mal à comprendre la nature (à moins qu'il ne s'agisse là encore d'un inceste au vu de l'histoire du couteau, de l'enfant dans le lit de ses parents et de la quasi absence de la mère dans l'histoire etc.) En tout cas la méthode du film puzzle superposant avec une lenteur savamment calculée des éléments disparates dans le temps et dans l'espace pour faire surgir progressivement le nœud de l'intrigue est assez poussive même si on voit où Atom EGOYAN veut en venir. Le personnage de Nicole, la survivante de l'accident qui a appris à ne pas faire confiance aux adultes déjoue leurs plans (celui de l'avocat comme celui de son père) mais même si elle fait mettre un verrou à sa porte, on ne voit pas comment elle peut gagner sa liberté étant donnée qu'elle doit passer le reste de sa vie clouée dans un fauteuil roulant comme la "Martha" (1973) de Rainer Werner FASSBINDER. Alors on peut apprécier la mise en scène atmosphérique mais tout cela est non seulement trop distant mais trop surplombant à tous les sens du terme.
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