Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Agent secret (Sabotage)

Publié le par Rosalie210

Alfred Hitchcock (1936)

Agent secret (Sabotage)

"Agent secret" (le titre en VO "Sabotage" est bien plus pertinent) fait partie de la période britannique de Alfred HITCHCOCK et a été tourné après "Les 39 marches" (1935) et "Quatre de l'espionnage" (1936). Mais contrairement à ces deux derniers films "Sabotage" est un drame austère d'une noirceur absolue. Si le principal point faible du film réside dans l'écriture bâclée des personnages et une interprétation dans l'ensemble peu convaincante, la mise en scène est déjà au sommet. En témoigne deux scènes restées dans les annales. D'une part celle où le jeune Steve transporte sans le savoir au cœur d'un Londres bondé une bombe dont nous savons à la minute près quand elle doit exploser et où en lui faisant subir divers contretemps (et en insérant sadiquement de nombreux plans d'horloge montrant l'heure qui tourne) Alfred HITCHCOCK joue avec nos nerfs. Cette scène a acquis par ailleurs au XXI° siècle un caractère prophétique: impossible de ne pas penser en voyant le bus exploser aux attentats de juillet 2005 qui avaient notamment soufflé l'étage supérieur d'un autobus à impériale à Tavistock Square et fait 56 morts (dont 14 parmi les passagers du bus)*. Et de l'autre celle de la scène d'explication à table entre Verloc (l'auteur de l'attentat) et son épouse (Sylvia SIDNEY) qui a découvert qu'il était responsable de la mort de son petit frère. La mise en scène (qui pallie le jeu terne des acteurs) suggère si habilement son envie de meurtre à elle et son envie de suicide à lui qu'il devient impossible de savoir qui a accompli le geste fatal. A la limite, ce qui est le plus expressif dans ce passage, c'est le couteau, ou plutôt la caméra qui l'anime. Si le personnage de Verloc (Oskar HOMOLKA) est assez opaque (en dehors de l'argent, on ne comprend pas vraiment ses motivations), celui de son épouse donne une idée assez déprimante de la condition de la femme, celle-ci apparaissant résignée et dépendante. Triste constat.

* Hitchcock pensait qu'il avait eu tort de faire mourir un enfant parce qu'il trouvait que c'était une manipulation détestable des sentiments des spectateurs (qui d'ailleurs ont rejeté le film à l'époque précisément pour cette raison). Mais cela contribue à donner à la scène son caractère réaliste dans lequel on peut reconnaître les sociétés d'aujourd'hui.

Commenter cet article