Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Edmond

Publié le par Rosalie210

Alexis Michalik (2018)

Edmond

Je ne suis définitivement pas fan du dispositif contemporain consistant à raconter la gestation du chef d'œuvre d'un auteur par le petit bout de la lorgnette ("Mes amis, mes amours, mes emmerdes"). J'adore pourtant les mises en abyme mais pas quand elles sont aussi grossières. La création est un processus complexe et mystérieux. Ce besoin d'explications simplistes est quand même assez révélateur d'une société à qui les abysses de l'âme humaine font peur. Il en résulte donc quelque chose d'artificiel qui est présent à plusieurs reprises dans le film. Dans les décors (et le film qui s'inspire de l'iconographie du "Le Fabuleux destin d Amélie Poulain" (2001) ne bénéficie pas de la photographie de Bruno DELBONNEL). Mais aussi dans tout ce qui tourne autour du triangle amoureux Edmond (Thomas SOLIVÉRÈS dont la moustache sent trop le postiche), Léo (Tom LEEB, fils de) et Jeanne (Lucie BOUJENAH nièce de) qui est assez grotesque, en particulier lorsqu'ils "inventent" la scène du balcon avec les vers de la pièce. Que ceux-ci jaillissent spontanément de l'imagination de Edmond Rostand qui est un poète ne s'exprimant qu'en vers passe encore mais que Jeanne lui réponde en "inventant" Roxanne alors qu'elle n'a aucun talent particulier m'a laissé assez perplexe. Le personnage de Jeanne manque par ailleurs trop d'épaisseur et de charisme pour être la "muse" du dramaturge qui est censé éprouver pour elle la passion que Cyrano éprouve pour Roxanne avec la logorrhée épistolaire qui en résulte. Mais Edmond est un beau jeune homme lisse dont la seule "difformité" est d'être peut-être d'un autre siècle que celui dans lequel il vit, marqué par la prose et la naissance du cinéma. Il rencontre cependant sur son chemin des personnages truculents qui font assez bien monter la mayonnaise d'un film par ailleurs plaisant à regarder et au rythme fort bien enlevé: Honoré, le patron de café lettré victime de racisme (Jean-Michel MARTIAL), Constant Coquelin, l'acteur aux abois (Olivier GOURMET, excellent), l'irascible Maria Legault (Mathilde SEIGNER), le fils quelque peu niais de Coquelin (Igor GOTESMAN) et ses créanciers corses (Simon ABKARIAN et Marc ANDRÉONI) apportent quelques touches humoristiques bienvenues à l'ensemble. Mais on est quand même loin de la profondeur du fabuleux "Cyrano de Bergerac" (1990) de Jean-Paul RAPPENEAU.

Commenter cet article