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L'Ile au trésor

Publié le par Rosalie210

Guillaume Brac (2018)

L'Ile au trésor


"L'île au trésor" est un film documentaire de Guillaume BRAC qui est fondé sur le même principe que celui de l'UE, "L'unité dans la diversité". L'unité, c'est celle d'un lieu, l'île des loisirs de Cergy Pontoise et d'un temps, la période estivale, parenthèse "enchantée" où les vacanciers se libèrent (relativement) des contraintes sociales qui pèsent le reste du temps sur eux. C'est d'ailleurs ce qui a fait dire à Guillaume BRAC qu'il avait filmé "la banlieue sans la banlieue". L'île fonctionne d'ailleurs comme un refuge bien au delà de ceux qui cherchent à s'évader de leur bitume quotidien. Elle accueille aussi soit en tant qu'usager, soit en tant qu'employé de vrais réfugiés dont la vie était menacée dans leur pays d'origine. Elle fonctionne aussi comme une "usine à fantasmes" où chacun projette son imaginaire, un imaginaire que réussit remarquablement à capter Guillaume BRAC avec un art du montage remarquable qui renforce la cohésion du film. La question qui l'innerve est la suivante: quelle marge de manœuvre reste-t-il pour la liberté humaine dans un monde hyper contrôlé et hyper aménagé? Guillaume BRAC oppose tant visuellement que narrativement des personnages épris de liberté et d'aventures (il va jusqu'à filmer en plan serré certaines parties de l'île comme s'il s'agissait d'une nature sauvage) aux clôtures et portillons qui entourent l'espace de loisirs, ainsi qu'aux règlements et à leurs gardiens. Il filme des enfants cherchant des astuces pour entrer en fraude, des adolescents qui sautent dans l'eau depuis le pont dès que les vigiles ont le dos tourné, des jeunes employés qui jouent au chat et à la souris dans le parc avec les veilleurs de nuit, un baigneur qui se souvient d'une sortie scolaire dans son enfance dans un milieu qui n'était pas encore aménagé et qui regrette sa transformation en Lunapark. C'est pourquoi en dépit de la très grande variété (générationnelle, ethnique et sociale) des intervenants et de la manière de les capter (certains par le témoignage face caméra, d'autres par la voix off, d'autres par des scènes de jeux partagés autour de la drague ou de la négociation prises sur le vif où la caméra semble invisible), en dépit de la variété des aspects de l'île (certaines parties très bétonnées et contrôlées, d'autres abandonnées et retournées à l'état de nature) le film est irrigué tout entier par la nostalgie de l'enfance vue comme un Eden dont l'île est la métaphore.

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